mercredi 6 avril 2011

Dany Leprince sera-t-il le 9e sur la liste des erreurs judiciaires ?

"J'ai vécu 16 années d'enfer, mais sans jamais désespérer. Je souhaiterais que soit mis un terme à ce calvaire". Ce sont sur ces mots que Dany Leprince a quitté la Cour de révision le 17 mars. En décembre 1997, celui que certains avaient surnommé "le boucher de la Sarthe", a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de son frère, de sa belle-soeur et de ses nièces de six et dix ans, perpétrés le 4 septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué. Seule Solène, deux ans, avait miraculeusement échappé à la tuerie. Après seize années derrière les barreaux, Dany Leprince, 53 ans, était sorti de prison le 8 juillet 2010, fatigué mais souriant.

Une semaine plus tôt, la commission de révision des condamnations pénales avait relevé de nombreuses failles dans l'enquête qui avait mené à sa condamnation et décidé de saisir la Cour de révision. Dans la foulée, elle avait ordonné sa libération immédiate, une décision rarissime qui atteste des doutes sérieux qui planent sur la culpabilité du Sarthois. Il est depuis soumis à un strict contrôle judiciaire. Interdit dans la Sarthe, la Mayenne et le Maine-et-Loire, il a choisi de s'installer à Marmande, dans le Lot-et-Garonne, où réside sa nouvelle femme, Béatrice.


La Cour de révision aura trois options ce mercredi : rejeter la requête de Dany Leprince et le réincarcérer, décider d'un nouveau procès ou annuler purement et simplement sa condamnation. Lors de l'audience du 17 mars, le parquet général avait sévèrement mis en cause les défaillances de l'enquête et demandé à la Cour de révision d'accorder un nouveau procès à M. Leprince. Plus encore, l'avocat général Claude Mathon avait suggéré qu'une nouvelle enquête devrait être ouverte afin d'examiner plus précisément le rôle éventuel dans la tuerie de l'ex-femme de Dany Leprince, Martine Compain. "Pourquoi n'a-t-elle pas été mise en examen ? (...) C'est incompréhensible", s'était étonné le représentant du ministère public. "J'ai honte", avait-il poursuivi, en évoquant l'acte d'accusation qui affirme que Dany Leprince a reconnu le quadruple meurtre en garde à vue, alors qu'il n'avait avoué que celui de son frère, avant de se rétracter. Quant aux scellés, "il est absolument inadmissible qu'ils aient été détruits", avait-il tonné, avant de critiquer le travail des médecins-légistes.
Parmi les faits nouveaux apparus depuis 1997 figurent pêle-mêle : l'incompatibilité des créneaux horaires, la découverte d'un couteau gravé Leprince dans une carrière voisine, la saisie chez Dany Leprince d'un couteau jaune avec des traces compatibles avec l'ADN de Martine Compain ou encore la découverte de relations privilégiées que cette dernière entretenait avec les enquêteurs, ainsi qu'avec un auditeur de justice mêlé à la procédure. Pour l'avocat de Dany Leprince, Me Yves Baudelot, ces faits "font naître plus qu'un doute sur la culpabilité de Dany Leprince : ils établissent même son innocence". Les révisions de condamnations pénales restent rares en France : ce type de procédure n'a abouti que huit fois en matière criminelle depuis la seconde guerre mondiale. Dany Leprince sera-t-il le neuvième nom inscrit sur la liste ? Réponse à 14 heures.

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