jeudi 28 avril 2011

Prêt à tout pour défendre sa « liberté »

Les faits se déroulent le 11 mars. Un drame « en cinq actes », selon la présidente Hedwige Soileux, qui a lieu dans les rues de Tourcoing et qui s'achève, au bord du canal de Roubaix, par ce qui aurait pu être un bain de sang.
Acte I : H.M., parti en courses avec son fils, revient chez sa mère. L'y attendent la police et une ambulance avec une décision d'internement d'office. H.M.


comprend que sa soeur, à nouveau, veut le placer contre son gré. Sa famille l'estime dangereux pour les autres, pour lui-même. L'homme rebrousse chemin, part faire le plein d'essence sans payer, revient déposer son fils. C'est alors que commence l'acte II : une course-poursuite avec la police, rodéo dans les rues de Tourcoing, avec force feux rouges brûlés, contresens et franchissement de terre-pleins.
« Qu'est-ce qu'elle cherche ? »
À l'acte III, la voiture du suspect s'immobilise. L'homme prend la fuite en direction du canal. Acte IV, le face-à-face avec huit policiers. H.M.
menace avec un revolver, chargé et armé, les policiers qui l'encerclent. Il crie qu'il ne veut pas être interné et somme même la police de le tuer. Dernier acte : avec sang-froid, les policiers usent du pistolet à impulsion électrique pour le maîtriser.
Durant l'audience, le prévenu parle haut et clair. Pas le profil d'un homme perturbé. « Moi, j'ai juste défendu ma liberté », lance-t-il. Si les faits sont simples et reconnus, l'arrière-plan est plus complexe. La famille parle de schizophrénie et de paranoïa. Indique que H.M. a déjà été placé en milieu médico-pénitentiaire lors de précédentes peines. « Dès qu'on n'arrive pas à me contenir, on m'envoie en HP », dit-il avant de se tourner vers sa soeur : « Je ne sais pas ce qu'elle cherche. » Pour les faits de mars, deux expertises psychiatriques interviennent. Aucune ne conclut aux maladies invoquées. La deuxième consent tout juste à parler d'altération de la responsabilité avec beaucoup de précautions de langage. Pas à l'abolition complète. Me Bensoussan, en défense, juge l'expertise lacunaire, n'allant assez loin dans la recherche du dossier médico-pénitentiaire de H.M. Maladie lourde ou accès de folie passager après un conflit familial, telle est la question posée par la présidente Soileux. Et qui n'aura pas de réponse à l'issue de l'audience.
« Vous n'êtes pas fou »
Le procureur Travassac s'est, lui, fait une idée : « Quelque chose s'est passé qui n'aurait pas dû arriver. Vous n'êtes pas fou. Vous n'êtes pas malade, mais vous "pétez les plombs". Il était absurde de faire une demande d'internement parce que, justement, ça risquait de vous faire péter les plombs. » Cela dit, le procureur retient la personnalité sensible, éventuellement dangereuse de H.M., dans un contexte de responsabilité altérée. Et requiert douze mois de sursis avec obligation de suivi psychologique. « Il y a des gens qui peuvent vous aider . Il faut que vous y réfléchissiez pour vous-même et pour les autres. » Le tribunal suivra les réquisitions du parquet.
http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/04/27/pret-a-tout-pour-defendre-sa-liberte.shtml

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