Pendant 18 mois, un militaire trésorier a détourné le pécule donné aux soldats qui partent en opération extérieure. Un préjudice de 36 600 euros pour lequel il vient d’être condamné
« Je suis entré dans l’armée en 1985 la tête haute. J’en ressors la tête basse ». A la barre du tribunal correctionnel, réuni vendredi en audience militaire, l’adjudant G. n’est pas très fier. Il est soupçonné d’avoir détourné plus de 36 000 euros d’un coffre du quartier Général-Frère, ce grand ensemble basé à Lyon 7 e où se trouve l’État-major de la zone Sud-Est.
Son chef de corps a porté plainte en juillet 2008. Il suspecte un détournement de fonds provenant du service qui gère les avances de fonds pour les soldats qui partent en opérations extérieures. Et qui reçoivent, selon le grade, un viatique en espèces qui va de 300 à 600 euros. L’avance est faite à Lyon et un centre comptable basé à Marseille rembourse d’après les bons. Or, entre le 1 er janvier 2006 et le 31 juillet 2007, la comptabilité laisse apparaître de curieuses choses : des bons qui manquent et des avances payées mais jamais transmises à Marseille. Les soupçons se portent immédiatement vers l’adjudant G., trésorier du service pendant la période incriminée, et unique détenteur de la combinaison et des clés du coffre renfermant les liquidités. Une information judiciaire est ouverte au terme de laquelle le soldat est soupçonné d’avoir détourné la somme rondelette de 36 600 euros en 18 mois. Il lui suffisait d’inventer un nom de militaire parti en opération extérieure pour prélever à son profit le pécule. Et ces 36 600 euros ? Entièrement dépensés dans la boisson, et accessoirement les jeux à gratter. « J’étais alcoolique et malade. Je buvais et j’offrais beaucoup de tournées ». L’aveu laisse le tribunal perplexe, mais l’exploitation des comptes, rappelle l’avocate de la défense M e Dufaud, a prouvé qu’il n’y avait eu ni placements financiers, ni achats mobiliers. Mais de grosses notes de bars. « Une personnalité complexe, une alcoologie pathologique, mais pas de nature à altérer le discernement », a conclu l’expertise psychiatrique. Jeune retraité de l’armée, l’adjudant s’est soigné et ne boit plus depuis 2008. Il met désormais son énergie au service d’une association caritative. « J’ai des remords envers les gens à qui j’ai fait du mal et… ». « Vous voulez parler des contribuables français ? », coupe le président Bertrand Nadau. « Euh, oui et puis aussi l’armée. Je vais trouver du travail et rembourser ». Le tribunal lui a offert cette possibilité de rachat en le condamnant à 2 ans avec sursis et mise à l’épreuve, contre les réquisitions du ministère public qui avait réclamé une partie ferme. Et bien sûr l’obligation de rembourser à l’armée qui après s’être portée partie civile, était curieusement absente de l’audience.
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