dimanche 17 avril 2011

A 91 ans, il avait souscrit trois assurances-vie... au bénéfice de son conseiller financier

Un accusé de réception a révélé le pot aux roses. Relatif à une lettre recommandée d’une société d’assurance-vie, il a intrigué le notaire chargé de la succession d’un nonagénaire chambérien décédé en janvier 2006. Car d’assurance-vie, jusque-là, il n’en était pas question dans son patrimoine et il n’en résultait aucune trace écrite. Après son alerte, après enquêtes des héritiers, de leur avocat, de la police et d’un juge, ce bout de papier aura permis de découvrir qu’au cours de sa dernière année de vie, la victime, 91 ans, avait souscrit trois assurances-vie, alimentées de 2 à 300 000 €, au bénéfice de son conseiller financier à la BNP, Bernard Butty, 55 ans, et de la femme de celui-ci, Martine, 50 ans.
Et qu’entre le 1 er avril et le 16 décembre 2005, il avait retiré 470 000 € en liquide. Somme dont le banquier reconnaît bien avoir perçu 94 600 €. En guise de cadeau « pour faire plaisir » et pour échapper à l’impôt de solidarité sur la fortune. La destination du reste de la somme reste à ce jour inconnue. De tout cela rien dans les papiers du nonagénaire. Tout était dans ceux du banquier. « Le crime était presque parfait » constatait, vendredi, l’avocat des héritiers M e Michel Saillet.

Un “donateur” réputé d’une avarice maladive

Le plus étonnant de l’histoire réside dans le caractère de Gustave. Car, vieux garçon, avec peu d’attaches, méfiant, il était réputé pour une avarice maladive. Il vivait de rien, pas même le strict minimum : pas de réfrigérateur, pas de lave-linge, pas de lave-vaisselle, pas de téléphone. Son comportement était proche de celui d’un clochard. Pourtant assis sur une fortune de 1,7 millions d’euros amassée en travaillant, en économisant et en boursicotant. Pas du tout le genre à faire un don au premier venu. Un homme d’évidence vulnérable en raison de son âge et de son mode de vie, selon le vice-procureur Pierre Filliard, qui a requis 8 mois de prison avec sursis contre Bernard Butty et 4 mois avec sursis contre son épouse poursuivis pour “abus de faiblesse”. Des peines assorties d’une mise à l’épreuve obligeant le couple à rembourser les héritiers. Un Mauriennais « résistant au mal, battant avec une tête dure » : ainsi M e Olivier Fernex de Mongex, à la défense, a-t-il décrit le nonagénaire pour le présenter en pleine possession de ses moyens et plaider la relaxe de ses clients. Bernard Butty a été licencié pour faute lourde de la BNP. Lui et sa femme font aujourd’hui dans le ménage. Le jugement rendu le 27 mai dira si l’entreprise de nettoyage avait déjà œuvré dans le porte-monnaie du nonagénaire…
http://www.ledauphine.com/savoie/2011/04/16/un-conseiller-financier-juge-pour-avoir-detourne-l-argent-d-un-client

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