lundi 18 avril 2011

Quatre hommes jugés pour le calvaire de Cécilia Gueye

La mort de Cécilia Gueye, en décembre 2008 à Marseille, avait soulevé une forte émotion dans la ville. Alors que se tient cette semaine le procès de ses présumés agresseurs, un hommage lui est rendu sur une page Facebook ; depuis sa disparition, une association humanitaire a même été créée à son nom : l'association "Cécilia Gueye Pour l'Enfance Et La Vie". Décrite par ses proches comme "timide, réservée, relativement naïve et fragile", cette jeune infirmière était tombée dans un piège au cours duquel elle avait été successivement saoulée, droguée, violée, avant de mourir d'un arrêt cardio-respiratoire. A partir de ce lundi, quatre hommes doivent répondre de cette mort devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en Provence. Tous détenus, ils sont poursuivis pour "viol en réunion par personne agissant en état d'ivresse ou sous l'emprise de stupéfiants" et "non-assistance à personne en danger".
Les quatre accusés sont soupçonnés de s'être concertés pour contacter Cécilia Gueye, alors âgée de 21 ans, dans la soirée du 8 décembre 2008. L'un d'entre eux la connaissait. Le but de ce rendez-vous : la faire boire et avoir des relations sexuelles avec elle. Agés de 20 ans à 27 ans, Emmanuel Denis, Anis Nafti, Mounir Tinouiline et Fahem Djermoune, avaient convaincu la jeune femme de passer la soirée avec eux. L'emmenant en voiture, ils lui avaient fait boire beaucoup de vodka avant de se rendre dans un hôtel du 11e arrondissement de Marseille.
Des déclarations contradictoires
Dans la chambre, le groupe avait contraint à nouveau la victime à boire et à fumer du cannabis. Les quatre hommes, dont deux étaient sous l'emprise de la drogue, l'avaient ensuite successivement violée alors qu'elle était déjà "vaseuse, limite inconsciente" et commençait à baver et vomir, selon le témoignage de l'un d'entre eux.
Aux alentours de 1 heure du matin, les violeurs présumés avaient constaté que la jeune femme agonisait. Après avoir tenté en vain de la ranimer, ils avaient décidé d'emporter le corps de la victime dans la voiture pour la conduire à l'hôpital. Deux des accusés, Mounir Tinouiline et Fahem Djermoune, avaient quitté le véhicule en chemin. Sur le trajet, Emmanuel Denis et Anis Nafti avaient finalement alerté vers 2h30 les pompiers qui n'étaient pas parvenus à ranimer la jeune femme. Des analyses toxicologiques devaient révéler qu'elle avait un taux d'alcoolémie de près de 6 grammes par litre de sang au moment de son décès.
Se cachant pour échapper à la police, Mounir Tinouiline et Fahem Djermoune étaient finalement interpellés fin décembre 2008 et début janvier 2009 à Marseille. Devant le juge d'instruction, les accusés, qui n'ont cessé de varier dans leurs déclarations, ont reconnu s'être retrouvés pour un "plan sexe" mais ont accusé la victime d'être "une fille facile" qui devait savoir qu'une telle virée "ce n'était pas pour se regarder dans le blanc des yeux". Des photos retrouvées sur l'ordinateur de la jeune fille et dont certaines avaient été mises en ligne sur son blog, la montraient dans des poses suggestives. Les quatre hommes ont également évoqué leur "panique" pour justifier qu'ils n'aient pas immédiatement averti les secours depuis l'hôtel avec leur téléphone portable.