mardi 12 avril 2011

Retraités maltraités : le procès 7 ans après

Le procès de l'infirmière et de l'aide-soignante mises en cause pour faits de maltraitance à la maison de retraite d'Arras, révélés en 2004, s'ouvre enfin. Une médecin-chef comparaît aussi.
Bousculades, humiliations, insultes... Ce sont des personnes âgées à bout, soutenues par leurs familles, qui ont fini par briser le silence en septembre 2004. Avisé de ces maltraitances au centre de cure médicalisé Pierre-Brunet, le directeur du centre hospitalier d'Arras, dont dépend la maison de retraite, décide de suspendre une infirmière et une aide-soignante. Le début d'un énorme scandale médiatique.
Alors ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy avait fait le déplacement dans le Pas-de-Calais pour y « promouvoir » son plan de lutte contre la maltraitance des personnes âgées et réclamer des « sanctions sévères ». Ministre délégué aux personnes âgées, Hubert Falco avait été, lui, jusqu'à parler d'« actes de barbarie ». « Le dossier a pris des proportions délirantes et disproportionnées. C'est parti en vrille », estime Me Didier Robiquet, l'avocat de l'infirmière.


« Elle s'est laissée aller »...
Initialement poursuivie pour non dénonciation de crime, sa cliente l'est aujourd'hui pour violences volontaires sans ITT sur personnes vulnérables entre 2001 et 2004. Tout comme l'aide-soignante, qui était à l'origine prévenue d'homicide involontaire sur une dame de 90 ans, dont le corps avait d'ailleurs été exhumé pour les besoins de l'enquête. « L'autopsie a démontré que sa mort était bien naturelle et pas consécutive à des violences » , insiste Me Robiquet. Placées en garde à vue puis en détention provisoire pendant un mois, l'infirmière et l'aide-soignante, 51 ans aujourd'hui, ont toutefois reconnu certains des faits qui leur sont reprochés. « Des claques, des brusqueries, un manque d'empathie envers certains patients, mais sans conséquences physiques. Ma cliente était l'unique infirmière de nuit d'un service de 240 lits. Elle s'est laissée aller car elle n'en pouvait plus », souligne Me Robiquet. Quant à l'aide-soignante, dont l'avocat était injoignable hier, sa dépendance à l'alcool depuis de longues années n'était un secret ni pour ses collègues, ni pour sa hiérarchie. Mais la médecine du travail l'avait déclarée apte...
Faux et usage de faux Également attendue à la barre, la médecin-chef de la maison de retraite Pierre-Brunet, 63 ans, rétablie dans ses fonctions après une suspension conservatoire, a toujours nié avoir couvert les agissements de son personnel. Elle n'est de toute façon pas directement poursuivie pour les maltraitances, mais pour faux et usage de faux (en l'occurrence elle aurait rédigé un certificat médical post-mortem bidon). « Le conseil de discipline n'a pas jugé qu'elle avait commis une faute, mais elle a quand même reçu un blâme ministériel et elle s'est retrouvée au tribunal parce qu'il fallait bien qu'il reste quelque chose de ce dossier qui a fait beaucoup de mousse avant de se dégonfler ! », déplore Me Jean-Louis Lefranc. L'avocat de la médecin-chef regrette, en outre, de n'avoir pas eu accès à certaines pages du rapport de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui pourraient mettre à jour, selon lui, « certains dysfonctionnements à la gouvernance du centre hospitalier ». Lequel figure sur le banc des parties civiles aux côtés de six familles de personnes âgées

http://www.nordeclair.fr/Actualite/2011/04/12/arras-retraites-maltraites-le-proces-7-a.shtml

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