lundi 2 mai 2011

Clearstream : Lahoud veut "rétablir la vérité", Gergorin plaide "la bonne foi"

Lors de son arrivée, peu après 9 heures au palais de justice de Paris, Dominique de Villepin s'est cette fois-ci abstenu de toute déclaration tonitruante relative à son procès. "Je ne pense pas à moi mais à ces milliers d'hommes et de femmes tombés sous les coups du fanatisme et de la haine d'Oussama ben Laden", a-t-il simplement dit aux journalistes présents. Après avoir été relaxé en première instance de l'accusation de "complicité de dénonciation calomnieuse" dans l'affaire Clearstream, l'ex-Premier ministre comparaît une nouvelle fois, le parquet de Paris ayant interjeté appel. "Je ne crains rien et on ne craint rien quand on est innocent", avait déclaré dimanche le président République solidaire, se disant "parfaitement serein cette fois-ci".
L'audience s'est ouverte à 9h15. Au côté de Dominique de Villepin, sont également rejugés l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin et l'informaticien Imad Lahoud, condamnés en première instance respectivement à 15 et 18 mois de prison ferme, avec 40.000 euros d'amende chacun. Ce dernier, jugeant sa peine "démesurée", a demandé à la cour de "rétablir la vérité", tout en reconnaissant qu'il avait une part de responsabilité dans cette affaire. Le quadragénaire reconnaît notamment avoir falsifié les listings émanant de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream et y avoir ajouté  certains noms de personnalités, afin de faire croire qu'ils détenaient des  comptes occultes à l'étranger. En revanche, Imad Lahoud nie avoir été le grand instigateur de la dénonciation calomnieuse et rejette la faute sur Jean-Louis Gergorin et Dominique de Villepin. "Je vous demande de bien vouloir tenir compte du parcours qui a été le mien depuis trois ans", a conclu le prévenu qui a passé son agrégation de mathématiques en 2008 et est aujourd'hui professeur de maths au Lycée Condorcet. "J'ai complètement changé de vie et je souhaite que vous teniez  compte de ça".

Gergorin maintient qu'il a agi "en totale bonne foi"
Jean-Louis Gergorin de son côté a répété qu'il avait "agi en totale bonne foi", sans savoir que les listings étaient falsifiés. "Les listings sont faux", a reconnu l'ancien haut responsable d'EADS devenu consultant en stratégie industrielle, mais "lors de ma relation avec le général Rondot, je croyais que ces listings étaient crédibles, voire authentiques, il en était de même avec le juge van Ruymbeke". En première instance, l'industriel a été condamné à quinze mois de prison ferme et 40.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel qui a vu en lui le véritable "cerveau" du complot.
Dominique de Villepin n'a quant à lui pas été sollicité par la présidente Christiane Beauquis, car ce n'est pas lui, relaxé en première instance, qui a fait appel, mais le parquet. "Il n'était pas anormal, il était même souhaitable, pour ne pas dire nécessaire, que les faits reprochés à Dominique de Villepin soient soumis à un nouvel examen", a argué l'avocat général Jean-Louis Perol. Après avoir décliné leur identité et le montant de leurs revenus mensuels, de respectivement 20.000, 11.000 et 2.000 euros, les trois prévenus se sont rassis, pour écouter sagement le rapport de la présidente Beauquis, durant deux longues heures.

On reproche aux trois prévenus d'avoir falsifié des listings bancaires émanant de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream, afin de faire croire que plusieurs personnalités, dont
Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes à l'étranger. L'affaire avait éclaté au grand jour à l'été 2004, mais ce n'est qu'en janvier 2006, alors que l'instruction piétinait, que Nicolas Sarkozy s'était constitué partie civile, promettant de pendre les coupables à "un croc de  boucher". Pour ce procès d'appel, seule une vingtaine des 45 parties civiles du départ sont présente. Le président de la République n'en fait pas partie. Une absence qui devrait permettre le déroulement d'un procès dans un climat plus apaisé. Les audiences se tiendront jusqu'au 26 mai.

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