Le général Philippe Rondot, entendu mercredi comme témoin au procès en appel de l'affaire Clearstream, a déclaré croire à la "sincérité" de Jean-Louis Gergorin et qualifié Imad Lahoud "d'escroc aux renseignements".
Le général, ancien conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (CROS) auprès du ministre de la Défense, est un personnage clef de ce dossier. Ses notes et verbatim relatifs à l'affaire Clearstream ont été saisis au cours de l'enquête.
"J'ai été traité de scribe, j'accepte le terme", a déclaré, amer, le militaire, âgé de 74 ans. Il a expliqué avoir noté ses faits et gestes dans un journal de marche qu'il a depuis détruit. Les documents saisis à son domicile étaient destinés au service historique du ministère de la Défense.
Dans une métaphore culinaire, le général Rondot a comparé ses verbatim au mezze libanais, composé de différents plats où chacun "picore" ce qui lui plaît. Dans ses verbatim, "on a piqué ce qui arrangeait", a-t-il relevé.
Un agent de renseignement, s'il est pris en territoire ennemi, est préparé à subir les pires interrogatoires. Mais face à des juges, dont il ignorait les procédés, il lui est "arrivé de commettre des erreurs sur les dates et les noms", a-t-il indiqué à la cour.
Homme de la "vieille école", le général Rondot est habitué à "traiter" des sources. Concernant l'ancien haut responsable d'EADS, Jean-Louis Gergorin, au coeur de la dénonciation calomnieuse, il a déclaré croire "en sa sincérité" malgré sa "nature débordante, fantasmagorique".
Jean-Louis Gergorin a toujours déclaré avoir transmis les listings Clearstream à la justice car il croyait à l'existence d'un complot international contre des intérêts français. Les données lui étaient fournies par Imad Lahoud, qualifié "d'escroc aux renseignements" par le général Rondot stigmatisant ses "mensonges".
Le militaire a réfuté les "critiques" qu'il a pu subir comme officier de renseignement. "Je récuse les commentaires des personnes qui n'ont pour seules lectures qu'OSS 117 et James Bond".
Le général Rondot a lancé une petite pique à Dominique de Villepin qui, lors d'une précédente audience, avait critiqué sa manière de conduire une affaire avec une seule source.
"Sans vouloir jeter une pierre", a-t-il débuté, il a rappelé que Dominique de Villepin avait monté en 2003 une opération de libération d'Ingrid Bettencourt, alors détenue par les FARC en Colombie, sur la foi d'une seule source selon le général.
Les débats se poursuivaient dans l'après-midi.
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/societe/20110511.FAP8212/clearstream-le-general-rondot-croit-a-la-sincerite-de-gergorin.html
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