Ils ne devaient pas se rencontrer. Chacun devait rester dans sa manifestation. L’extrême droite côté Saint-Jean. L’extrême gauche côté Terreaux. Entre les deux, la Saône faisait un peu office de ligne Maginot.
Seulement voilà, vers 17 heures, alors que tout le monde devait se disperser dans le calme, deux groupes ont failli se rencontrer sur le pont La Feuillée. La police a évité le pire et a procédé à des interpellations. Surtout du côté des altermondialistes. Trois d’entre eux ont été arrêtés. L’un, venu de Suisse, pour avoir utilisé une bombe lacrymogène. L’autre parce qu’il semblait confondre l’usage d’un drapeau avec une matraque. Le troisième parce qu’il se promenait avec une canne antivol.
Dans l’autre camp, deux crânes rasés, venus de la région parisienne, ont été interpellés. Ils faisaient partie des 80 manifestants les plus violents qui ont semé la panique à Saint-Jean. Les deux intéressés font l’objet de poursuites non pas pour les dégradations commises, mais parce qu’ils portaient une ceinture en forme de chaîne à vélo. Qu’ils ont mise le matin par hasard. Jamais ils ne s’en seraient servis. Ou alors juste pour se défendre.
Leurs homologues d’extrême gauche n’avaient pas non plus l’intention de se servir de la bombe lacrymo, du bâton ou de la canne. Pour eux aussi, c’était uniquement au cas ou. C’est d’ailleurs le seul point commun de ces cinq jeunes hommes, âgés de 22 à 26 ans et tous parfaitement insérés, qui se sont retrouvés hier en comparution immédiate non pas pour des violences, mais pour avoir « participé à un attroupement avec une arme ». Un refrain qui avait été très célèbre à Lyon en octobre dernier. « On ne va pas attendre d’avoir des dents par terre pour agir » souligne le procureur Emmanuel Razous qui requiert le même tarif pour tout le monde : trois mois ferme avec mandat de dépôt.
« C’était une simple présence à une manifestation pour dénoncer une dérive fasciste qui a pignon sur rue à Lyon » plaide M e Forray, avocat des militants d’extrême gauche. M e Belasri, avocat des deux crânes rasés, s’est pour sa part contenté de plaider le « procès d’intention » fait à ses clients.
Et le tribunal dans tout ça ? Loin du débat politique, le président Calandra a uniquement cherché à savoir si les militants comptaient prendre Lyon pour un champ de bataille, avant de siffler la fin de la partie sur un match nul : de droite ou de gauche, les cinq prévenus ont écopé de trois mois avec sursis.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/05/17/extreme-droite-contre-extreme-gauche-match-nul-au-tribunal
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