jeudi 19 mai 2011

Ils se disent innocents

Nancy. Rien n’a pu laisser penser à Lahcen Hamchich, que ce café pris au matin du 29 novembre 2007 au bar « Les Tamaris » serait le dernier et qu’il ne conduirait plus son bus sur la ligne 124 dans les rues de Nancy.
Aux environs de 10 heures, un « commando » de trois hommes cagoulés et vêtus de noir, entre dans l’établissement du Haut-du-Lièvre et ouvre le feu. Debout dans le coin droit du comptoir, Lahcen Hamchich, 31 ans, atteint par un des multiples projectiles, contourne le billard vers la porte de sortie et s’écroule. Deux des agresseurs lui tiennent chacun un poignet et le plaquent face contre le sol. Le troisième tire. Une balle de 22 LR traverse le ventricule et le poumon gauches de ce chauffeur de la Connex. Ce n’est pas tout à fait fini. L’un des auteurs ajoute un violent coup de crosse sur la tête de la victime devant des consommateurs médusés. Ils ne le doivent pas seulement à l’extrême violence du moment, mais aussi à l’incommensurable bêtise des auteurs qui se sont trompés de cible.
La personne qui devait tomber sous les balles était en réalité le gérant du bistrot, Samir Zendjebil. La victime a été confondue avec lui qui a l’habitude de prendre son café
Trois accusés sont depuis hier dans le box, poursuivis pour assassinat. Laurent et Tony, 31 et 29 ans, les frères Lamrani et Michaël Hekpazo, 27 ans, tous détenus depuis un peu plus de 3 mois, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. « Je suis complètement innocent », maintient Hepkazo avant que le box ne reprenne le même air. Michaël dit dormir chez une sœur Lamrani au moment du carnage, Tony affirme se trouver à Fréjus où il est installé et Laurent, blessé à un bras, ne pouvait pas manier une arme.
Un quatrième homme
Mais à leurs pieds, un quatrième homme, Hakim Da Cunha est assis, libre, à côté du banc de la défense peuplé de six avocats. Au fil des trois jours encore jusqu’au verdict, la cour va lui demander des comptes, sur sa participation complice à ce drame dont l’élucidation lui doit beaucoup. « J’accepte les faits et je reste sur mes déclarations », a confirmé le jeune homme hier matin qui a beaucoup à craindre des coaccusés. L’affaire repose en grande partie sur lui.
S’il limite son rôle au transport des trois autres devant le bar, c’est grâce à la plaque d’immatriculation de sa voiture (retrouvée calcinée le 1 er décembre) que les enquêteurs remontent à lui puis au reste du groupe qui a fait usage de trois armes différentes, a priori pour « faire peur » à Samir Zendjebil.
S’ils viennent, parce qu’il en manquait plus de la moitié hier, les témoins attendus aujourd’hui devraient éclairer les jurés sur le fond de l’affaire qui repose sur un règlement de compte.
La veille du drame, Samir Zendjebil se rend au complexe Kinépolis. Il y rencontre son frère Ali qui aperçoit Laurent Lamrani avec lequel il en vient vite aux mains. Pourquoi ? Ali Zendjebil ne supporte pas l’idée d’avoir servi de cible (déjà ?) à l’accusé un jour de juin 2006.
Les coups pleuvent sur Laurent Lamrani, proprement rossé par les deux frères Zendjebil qui, outre une raclée monumentale, le laisse dans un piteux état.
La nouvelle fait le tour du clan Lamrani et de ses amis, ce soir-là, selon la procédure. Un conseil de guerre informel décide de venger l’affront. C’est Lahcen Hamchich qui le paiera de sa vie pour s’être trouvé au mauvais moment au mauvais endroit.
http://www.estrepublicain.fr/fr/lorraine/info/5107957-Nancy-tue-par-erreur

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