Le samedi 19 juin 2010, sur des photos du joueur et du coach, un titre stupéfiant barrait la première page du journal sportif : «Va te faire enculer, sale fils de pute». Des insultes, expliquait le sous-titre, proférées par l'attaquant l'avant-veille, à la mi-temps du match, France-Mexique (0-0 à la pause, 0-2 au coup de sifflet final), à l'encontre de Domenech lui aurait demandé de modifier son placement dans l'équipe en seconde période.
Une insulte, et surtout une médiatisation, qui déboucheront sur une débâcle dont l'équipe de France peine encore à se relever : exclusion d'Anelka, grève des joueurs reclus dans un bus, étrange comportement de Domenech, mi-victime mi-complice, piteuse élimination, retour honteux en France et désamour d'un pays pour ses stars.
Nicolas Anelka, estime qu'il n'a pas tenu exactement ces propos. En août, il avait donné sa version à France-Soir: «Quand le coach me dit de rester devant, c'est monté direct au cerveau. Je me suis dit qu'il cherchait un mec pour prendre les coups à sa place. Je marmonne dans mon coin des choses qui resteront dans le secret des vestiaires. Et qui auraient dû y rester. Mais en aucun cas ce ne sont les mots que j'ai pu lire dans L'Equipe.»
Escallettes confirme l'exactitude des mots prononcés
Pour prouver sa bonne foi, l'attaquant de Chelsea - qui ne devrait pas apparaître vendredi à l'audience - produit des dépositions de certains coéquipiers : Thierry Henry, Eric Abidal et Patrice Evra, selon la chaîne Infosport. «J'ai assisté aux échanges, déclare notamment Abidal, je peux donc confirmer que Nicolas Anelka n'a jamais prononcé la phrase».
L'Equipe, pour sa part, s'appuie sur les témoignages des journalistes Damien Degorre et Raphaël Raymond, qui ont recueilli les propos prêtés à Anelka de quatre sources vouées à demeurer anonymes. L'ex-président de la Fédération française de football (FFF), Jean-Pierre Escalettes, viendra confirmer l'exactitude des mots prononcés. L'ex-ministre des Sports Roselyne Bachelot s'est dédite après avoir donné son accord pour témoigner.
La défense du journal s'articule autour de deux axes. D'abord, l'absence totale de diffamation. Personne, dans les heures qui ont suivi les faits, n'a nié la véracité des propos prêtés à Anelka, exclu de l'équipe de France et suspendu 18 matches justement pour les avoir tenus. «Si nous regrettons l'incident, nous regrettons plus encore la divulgation d'un événement qui n'appartient qu'à notre groupe», écrivaient les joueurs, dans le communiqué du 20 juin justifiant leur «grève de l'entraînement».
Enfin, L'Equipe tentera de faire valoir qu'au vu des circonstances - une équipe vice-championne du monde en plein Mondial - le sujet était légitime et n'avait rien à voir avec une supposée animosité envers Nicolas Anelka mais répondait à un «devoir d'information».
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