mardi 31 mai 2011

Le germe de la violence dans le parcours des accusés

Mekki Boughouas, Othman El Houari et Kamal Azzouzi ont été réunis par les hasards de la vie, puis par un drame affreux. Mais leurs existences comptent également un point commun: elles ont été marquées par la violence.
Une semaine d'audience, des centaines de pages d'auditions et d'expertises, des dizaines de témoins, cinq avocats, et trois accusés : voilà, en quelques chiffres, le résumé de cette nouvelle page de la session d'assises qui s'écrit depuis hier. On peut y ajouter la tension palpable qui régnait à l'ouverture des débats, la douleur de toute une famille soudée sur l'un des bancs de la salle d'audience, et les quelques mots d'un père, Patrick Fernandez, qui n'attend qu'une chose de ce long procès : « la vérité ». Un mot lâché dans un souffle. Mais hier, il n'aura pas été question de Julien, enlevé brutalement à l'affection des siens un dimanche de janvier 2008, tué de multiples coups de couteau pour lui arracher la recette de la discothèque « La Roue », dont le jeune homme, 27 ans, était le directeur artistique. Ou si peu.

Démêlés judiciaires

Les parcours de vie des trois hommes présents dans le box, par contre, auront été passés longuement au scalpel de la procédure. Tous trois ont été réunis par les hasards de la vie, à Pamiers. Tous trois ont eu quelques démêlés avec la justice. Kamal Azzouzi est d'ailleurs détenu, pour une série d'agressions au lycée du Castellas. Âgé de 24 ans, fils unique d'un couple très âgé d'employés agricoles, qui parlent mal le français, il a lâché l'école jeune, fréquenté les foyers et multiplié les mauvais coups, tout en travaillant vaguement comme intérimaire. Un ami d'enfance le décrit comme « gentil ». Mais ni sa mère, ni son père ne sont à l'audience. Et le jeune homme ne compte pas de famille en Ariège. Othman El Houari, lui, est le dernier enfant d'une famille soudée, enracinée près d'Agen. Aujourd'hui marié, et père de deux petites filles qu'il entoure de toute son affection, il a connu une période de dérive, l'année qui a précédé le meurtre. Après quatre ans d'armée, engagé à 18 ans, il se retrouve désœuvré, à Pamiers, sans le sou. Sa carrière militaire a tourné court : une bagarre, puis une autre, et un peu de « hasch ». Revenu dans le civil, il vivote de petits trafics, cocaïne et cannabis. Et se lie d'amitié avec Mekki Boughouas.

Une sale période

Ce dernier aussi traverse une sale période, en cette année 2007. Sa liaison avec sa compagne, Lætitia s'est effondrée. Elle est partie s'installer à Aix-en-Provence, avec leur petite fille. Mekki Boughouas pensait pourtant avoir les bonnes cartes en main : joueur de rugby expérimenté, mais explosif, il travaille comme plaquiste chez Joël Gonzales, le président du club de rugby de Villeneuve-duParéage. Et comme portier, à « La Roue », jusqu'à l'été 2007. D'un coup, il décide de tout lâcher, de créer son entreprise. Mais il ne tient pas un an. Le jeune homme, qui a déjà connu la prison, à deux reprises, pour des violences, se dit « au fond du trou ». Qui pense le premier à aller « braquer » la discothèque ? Mekki Boughouas assure que c'est Othman El Houari, lui aussi aux abois. Ce dernier lui renvoie la politesse. En fait, aucun des trois hommes n'admet une responsabilité dans la mort de Julien.

Tous les trois nient avoir tué julien fernandez

Aucun des trois hommes poursuivis devant la cour d'assises de l'Ariège n'admet donc avoir participé au meurtre de Julien Fernandez. Hier, lors de cette toute première journée d'audience, les faits n'ont pas encore été abordés, mais ce triple déni transpire des rapports des experts psychiatres, qui sont venus témoigner en toute fin de journée. En tout état de cause, seul Mekki Boughouas est poursuivi pour ce crime. Pour les deux autres, l'accusation d'associations de malfaiteurs a uniquement été retenue : on leur reproche, en fait, d'avoir participé à la préparation du braquage dramatique, mais pas d'y avoir participé. Des préparatifs mûris, de fait, de longue date au fil de différentes discussions entre les trois hommes.
Othman El Houari et Mekki Boughouas se seraient rendus à la « Roue », en décembre 2007, pour un « repérage » des lieux. Un autre repérage aurait eu lieu avec Kamal Azzouzi, mais les deux hommes auraient été dérangés par un véhicule qui faisait du rodéo sur le parking. Des repérages, mais rien d'autre, pour Kamal Azzouzi et Othman El Houari. Le vol, mais rien d'autre, selon Mekki Boughouas, qui désigne Othman Et Houari comme le meurtrier. Othman El Houari, pour sa part, a toujours protesté de son innocence, et a bénéficié d'un non-lieu pour l'accusation de meurtre. Quant à Kamal Azzouzi, il n'a jamais été question de sa présence à La Roue, le jour du drame. Et quand le président Jacques Richiardi demande à Mekki Boughouas dans quel état d'esprit il aborde ce procès, l'homme répond d'un seul mot : « Combatif ».
http://www.ladepeche.fr/article/2011/05/31/1094886-le-germe-de-la-violence-dans-le-parcours-des-accuses.html

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