mardi 31 mai 2011

Procès Colonna : le patron de la police judiciaire reconnaît qu'il ne peut "attester de l'authenticité de la lettre"

À la reprise du procès Colonna mardi matin, la question de la lettre de menaces attribuée au berger de Cargèse et adressée à l'un des membres du commando, Pierre Alessandri, a connu de nouveaux rebondissements. La partie civile a émis des doutes sur la qualité de la traduction commandée lundi par la cour d'assises spéciale à un magistrat d'Ajaccio. Confrontée à des traductions officieuses publiées sur des sites corses, celle distribuée à la cour lundi en fin d'après-midi pourrait comporter au moins un, voire plusieurs contresens.
La défense d'Yvan Colonna a estimé pour sa part que ces réserves ne faisaient pas obstacle à l'examen de la forme de la lettre, et notamment aux circonstances de sa découverte. Pour les avocats du berger de Cargèse, il s'agit de déterminer si la pièce est recevable avant de se pencher sur le fond de la missive, à savoir son contenu. Me Garbarini, interrogé mardi, continuait de refuser d'indiquer si son client reconnaissait être l'auteur du courrier. "S'il l'a fait, c'est une erreur, mais il s'agirait là de l'initiative d'un homme psychologiquement fragilisé", a-t-il martelé.
Mardi après-midi vers 15 heures, la cour - qui a bouleversé son programme après les dernières révélations - entendait le directeur central de la police judiciaire, le contrôleur général Christian Lothion, qui a récupéré le courrier. Le patron de la police judiciaire a décrit les conditions dans lesquelles il a été amené à avoir connaissance de la lettre. Il affirme avoir reçu un appel, vendredi dernier en début de matinée, d'une personne qu'il connaît professionnellement.
Ils ont alors convenu d'un rendez-vous près du ministère de l'Intérieur, place Beauvau (Paris 8e). Son informateur lui remet alors une photocopie de ladite lettre. Ce mystérieux informateur, dont Christian Lothion refuse de dévoiler l'identité, lui affirme qu'elle a été envoyée par Yvan Colonna à un membre du commando qui a assassiné le préfet Érignac. Christian Lothion a également affirmé à la barre qu'il avait tenté de convaincre son interlocuteur de lui révéler la façon dont il a eu le courrier, mais que ce dernier a refusé. À la barre, le patron de la police judiciaire a reconnu qu'il ne pouvait pas attester de l'authenticité de la lettre.
Le destinataire affirme n'avoir jamais reçu de courrier
"C'est une manipulation qui émane de votre ministère", a lâché maître Antoine Sollacaro, un des avocats du berger de Cargèse. La défense menace de déposer plainte contre le Contrôleur général pour faux et usage. Elle demande à la Cour de ne pas retenir cette pièce dans le dossier Colonna car, elle a été, selon elle, "recueillie dans des conditions irrégulières".
De son côté, Pierre Alessandri a assuré lundi, par la voix de son avocat Me Éric Barbolosi, n'avoir jamais reçu de lettre. Il demande à être de nouveau entendu. Mais pour l'heure, on ignore encore si la cour envisage d'accéder à sa demande.
http://www.lepoint.fr/societe/proces-colonna-le-patron-de-la-police-judiciaire-reconnait-qu-il-ne-peut-attester-de-l-authenticite-de-la-lettre-31-05-2011-1337010_23.php

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