12 h 40. Dépôt ou garantie ? Le procureur reprend Jean-François Lhérété sur les meubles de Jeanine Terrasson trouvé « en dépôt » chez lui. « Vous dîtes qu'ils étaient sans valeur. J'ai fait le total. Il y en avait pour 43.400 euros. Ce nest pas rien. On peut même voir ce dépôt plutôt comme un gage lié à l'argent que vous aviez prêté à Mme Dumont pour subvenir au quotidien de la vieille dame. » « On peut le penser. Mais ce nest pas du tout la réalité » répond Jean-François Lhérété. « Mon épouse disait souvent quand nous débarrassons-nous de tous ces meubles qui encombrent » continue-t-il. « Eh bien voilà » ponctue la présidente du tribunal.
12 h 30. Quelques jours avant son interpellation, Jean-François Lhérété envisageait de modifier totalement l'intérieur de son appartement en ayant recours à du mobilier contemporain. C'est la raison pour laquelle, quand Nicole Dumont s'entretenait avec lui par téléphone le 10 janvier 2007, il lâchait : « J'en ai ras-le-bol de toutes ces vieilleries. » Nicole Dumont lui répondait : « Oui, cela se comprend, on a tellement terrassoné ! »
« J'en avais assez d'entendre parler des meubles de Mme Terrasson. C'était une manière de le signifier à Nicole Dumont » explique Jean-François Lhérété à la barre. « Je le répète, je voulais complètement changer mon mobilier. J'étais dans une phase zen » dit-il encore. Fin janvier 2007, de nombreux meubles appartenant à Mme Terrasson laissés en dépôt chez Jean-François Lhérété, étaient découverts lors de l'interpellation de l'intéressé. Il paraît acquis pour le tribunal que ces « vieilleries » étaient bien là en dépôt.
12 h. Sur la question de savoir si Jean-François Lhérété avait conscience ou non de l'état de faiblesse de la vieille dame, ce dernier répond : « Je n'ai pas eu le sentiment, lorsque je l'ai connue, que Mme Terrasson était en état de faiblesse. Je pouvais discuter avec elle comme avec vous, Mme la présidente. On parlait de Marivaux, de la porcelaine au XVIIIème siècle. Elle n'était pas gaga. Elle était lucide. Déterminée. Elle savait ce qu'elle voulait. C'est Jeanine Terrasson qui donnait les ordres. Elle avait une capacité à réagir. Elle était caustique. Elle était plutôt dans un syndrôme dépressif. Elle avait comme laché prise depuis ce qu'elle interprétait comme une trahison de la part de ses amis Costa en Suisse. La vie ne l'intéressait plus et Nicole Dumont lui redonnait goût à la vie. »
La démonstration du prévenu agace le procureur : « Vous parlez de syndrôme dépressif. Vous êtes médecin ou magistrat ? » Jean-François Lhérété : « Je m'intéresse à ces choses-là ». Plus tard, il va se faire tancer. Car il s'est visiblement moins intéressé, en tant que magistrat, à la situation de sauvegarde judiciaire visant la vieille dame. Mais Jean-François Lhérété reste sur sa ligne et finit par avoir ce cri du cœur : « Si je comprends bien, dès que l'on voit une personne âgée, il faut partir en courant ou avoir un avocat et un médecin gériatre à ses côtés pour prévenir les poursuites. Car on est par définition en terrain miné. Peut-être ai-je eu tort mais j'ai fait tout cela à l'époque en ayant conscience de bien faire. »
11 h. Durant garde à vue; puis durant l’instruction, l’ex-directeur des affaires culturelles avait fini par s’interroger sur les motivations profondes de Nicole Dumont. « Je n’exclue pas avoir été manipulé » avait-il dit au juge d’instruction.
A la barre, Jean-François Lhérété cherche à la fois à se défendre, à convaincre le tribunal d’avoir eu un rôle « marginal », sans charger pour autant les co-prévenus. « Je n’ai jamais eu le sentiment à l’époque que Mme Dumont était quelqu’un d’intéressé. Je constatais seulement qu’elle s’occupait remarquablement bien de cette vieille dame. Alors c’est vrai que durant l’instruction, j’ai parfois été bouleversé. Je vous donne un exemple bête : j’ai appris durant l’instruction la relation sentimentale entre François-Xavier Bordeaux et elle. »
10 h 26. La rencontre entre Nicole Dumont et l'ex-directeur des affaires culturelles de la ville de Bordeaux a eu lieu du temps où il dirigeait le Crédit Lyonnais, en 98. Sa fille, alors en « crise d'adolescence » et « mal dans sa peau », faisait un stage à l'accueil de la banque. La voyante, par ailleurs cliente du Crédit Lyonnais, dotée selon Jean-François Lhérété d'une « bonne psychologie », est entrée en contact avec sa fille. Elle lui a fait du bien. Et l'a conduite un jour jusqu'au domicile de ses parents rue d'Aviau. « Mais nous ne sommes jamais devenus des proches, dit Jean-François Lhérété à la barre. Elle passait de temps en temps le dimanche avec un brioché. Un dimanche de 2004, elle est passé avec un brioché et François-Xavier Bordeaux. C'est ainsi que j'ai fait la connaissance de ce dernier. »
10 h 15. Agrégé d'histoire, ancien élève de l'ENA, le magistrat à la Cour des comptes détaché auprès de la mairie de Bordeaux en qualité de directeur des affaires culturelles, est poursuivi pour abus de faiblesse, association de malfaiteurs et complicité d'abus de confiance. Jean-François Lhérété fut également directeur régional du Crédit Lyonnais à Bordeaux entre 92 et 98. Période au cours de laquelle il aurait eu connaissance de la situation de l'héritière Jeanine Terrasson, selon deux témoignages à charge. « Faribole », « mensonge absolu » repousse d'entrée de jeu Jean-François Lhérété. L'ex-directeur des affaires culturelles se montre combatif à la barre.
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