samedi 28 mai 2011

Quatre ans de prison : « le prix à payer pour la mort du père de ses enfants »

Arrivée libre au tribunal, Karine Douez a quitté la salle des assises, hier, escortée par les policiers afin d'être emmenée en détention, elle qui n'a pas passé un jour en prison jusqu'ici. Les jurés l'ont reconnue coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort sur son concubin. Coupable de lui avoir porté un coup de couteau en plein coeur, le 21 janvier 2009 à Auchel ( nos édition de mardi et hier). ...

Une peine de 4 ans de réclusion criminelle, dont un avec sursis et mise à l'épreuve durant 2 ans, a été prononcée avec une obligation de soins et d'indemniser les parties civiles (1). L'arrêt de la cour d'assise est tombé comme un couperet. L'accusée s'est effondrée en larmes, elle qui a dû être hospitalisée dans la matinée suite à un malaise. Comme sa mère, inconsolable, et ses proches.

La légitime défense écartée

En début de matinée, Noémie Roche, avocat général, avait requis 8 années de réclusion criminelle, « le prix à payer pour la mort du père de ses deux enfants ». Sans vouloir « minimiser la souffrance de Karine Douez » dont la vie n'a pas été simple avec un concubin violent, et en écartant toute préméditation et intention de tuer, elle a insisté sur le caractère volontaire du coup de couteau. « Elle s'est mise en colère, elle était jalouse car son compagnon voulait la quitter. Elle savait qu'elle était en train de perdre l'homme qu'elle aimait. Elle se sentait dépossédée. Et là elle a franchi le pas...
». Le coup de couteau porté, ce n'est pas de la légitime défense, « une hypothèse qui n'est pas sérieuse, pas juridiquement valable ». Se tournant vers les jurés, elle est consciente que c'est « difficile d'envisager d'éloigner une mère de ses deux fils qui ont en plus perdu leur père ». mais comme elle l'a dit, « c'est le prix à payer »...
Un prix trop cher pour Me Woroch, avocat de la défense. « L'envoyer en prison, c'est la priver de sa vie, de ses enfants. Les priver d'une vie qu'ils ont repris avec leur maman. » Rappelant que Karine Douez n'a jamais été condamnée, que les experts n'ont relevé aucun caractère de dangerosité, elle revient sur son malaise : « un appel au secours, le cri d'une femme qui n'a jamais voulu ni l'acte ni les conséquences ». Me Woroch a ensuite voulu apporter des réponses aux questions soulevées durant le procès. Si elle est restée avec ce concubin violent, c'est parce que « il y a 10 ans, on ne parlait pas ou peu des violences faites aux femmes ». Listant les nombreuses scènes de violence évoquée durant deux jours, elle répète que tous les témoins entendus ont vu les marques. « Pas beaucoup d'aide derrière...
», regrette-t-elle. Le soir du drame, « elle a eu peur, elle s'est sentie menacée. Ce soir-là c'était elle ou lui Ça se passe en une fraction de seconde, ce qu'elle a voulu, c'est repousser. Le couteau, elle ne l'a pas pris volontairement, elle l'avait à la main.
» Elle a plaidé la légitime défense, que les jurés ont finalement rejetée. Et même « l'acquittement qui ne serait pas une offense. Ses enfants lui ont pardonné. Elle, elle portera toute sa vie cette nuit du 21 janvier comme un fardeau ». Les jurés ont pourtant décidé de sanctionner l'acte qui a tué un homme. Et détruit une jeune femme qui, hier, pleurait pour ses enfants.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Bethune/actualite/Secteur_Bethune/2011/05/27/article_quatre-ans-de-prison-le-prix-a-payer-po.shtml

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