samedi 14 mai 2011

Trente ans de réclusion pour le meurtrier

Il s’est peu à peu tassé dans son box, jusqu’à presque disparaître. Mohamed Jelassi a été condamné hier à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun. Depuis quatre jours, l’accusé comparaissait pour le meurtre de sa compagne Priscilla et de ses deux fillettes, il y a deux ans, dans leur appartement de Dammarie-les-Lys.
Une dernière fois, les jurés ont dû écouter le déroulement de la terrible nuit du 22 au 23 février 2009. « Il a étranglé sa femme en deux épisodes : à mains nues d’abord, puis à l’aide d’un câble de télévision, rappelle l’avocat des parties civiles. Il a pris le temps de retrouver ses esprits, puis il a tué ses filles en les étouffant. »

Selon l’accusé, c’est le SMS d’un amant de Priscilla — Kévin, présent à l’audience —, qui aurait déclenché sa rage. « Mohamed savait que Priscilla le quitterait et il ne l’a pas supporté. Il l’a dit lui-même : Je voulais laver mon honneur… Il a commis trois crimes d’orgueil! » a poursuivi l’avocat de la famille. Avant d’insister sur la personnalité de l’accusé. « Il a expliqué vouloir se suicider après son geste… Avec de l’aspirine? Il aurait pu sauter par la fenêtre ou se jeter sur la voie ferrée toute proche. C’est un menteur et un lâche! »
Ployant sous le poids des attaques, l’accusé a écouté ses détracteurs, le regard fixé au sol. Avant de subir une deuxième salve, celle de l’avocate générale. « Je sais gré à la présidente du tribunal de ne pas avoir fait circuler les photos des dépouilles des trois victimes. Car elles sont insupportables. » A la énième description de la scène de crime, le mari assassin n’a pu réprimer ses sanglots. Reprenant les arguments de l’avocat des parties civiles, la magistrate a expliqué que Mohamed était au courant de la liaison de Priscilla avec Kévin et qu’il aurait explosé en l’apprenant.
Du côté de la défense, on s’est attardé à décrire la personnalité de l’accusé. Un homme « humilié » toute sa vie, à commencer par ses employeurs. Quitte à forcer sur la mise en scène, l’avocat a interpellé son client d’un tonitruant : « N’est-ce pas, le bougnoule? » Et celui-ci de réciter son texte : « Tout à fait! » Puis on s’est appliqué à démontrer que Mohamed n’était pas l’unique responsable du drame. « Une situation de crise dans un couple, ça se construit à deux », a estimé son avocat. Avant d’expliquer que Priscilla laissait croire à son concubin que leur amour n’était pas perdu, pour gagner du temps dans les préparatifs de sa nouvelle vie. « Mais quand elle lui a avoué qu’elle le trompait, elle a touché le point culminant de l’humiliation, a poursuivi la défense. Sa tête était comme un volcan : il s’est déchaîné sur sa compagne. Et s’il a tué ses deux filles, c’est qu’elles n’auraient pu supporter d’embrasser un père assassin. »
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/trente-ans-de-reclusion-pour-le-meurtrier-14-05-2011-1448711.php

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