vendredi 24 juin 2011

8 ans pour avoir tenté de la tuer

Stéphane Duhamel a été condamné hier à huit ans de prison pour la tentative de meurtre contre son ex-compagne. Avant même le verdict, il se « satisfaisait » des réquisitions à son encontre.
D'ordinaire, c'est plutôt le condamné qui pleure et la victime qui « respire » (un peu), une fois passée l'épreuve du procès. Pas cette fois-ci. Alors que le Pennois de 45 ans, tout juste condamné à huit années de prison pour la tentative de meurtre perpétrée sur son ex-compagne ne broncha pas à l'énoncé du verdict, cette dernière l'accueillit en pleurs. Sentiment d'une trop grande clémence pour son agresseur ou abandon d'une trop forte tension jusque-là accumulée ?.. La jeune femme replongea dans les larmes qui l'avaient déjà inondée à l'heure de l'examen des faits, elle qui a à peine assité au plaidoyer en faveur de son ex-compagnon.
Si l'accusé a eu lui aussi les yeux embués, en cette dernière journée d'audience, et cela pour la première fois de ce procès, ce fut lors de l'intervention finale de son avocat, Me Philippe Bellandi, qui tenta et réussit au moins en partie, à « ramasser celui qui était à terre ». Mais à l'énoncé du verdict, pas un cil ne bougea chez Stéphane Duhamel.
Après le réquisitoire de l'avocat général, qui demanda aux jurés de prononcer, outre un suivi socio-judiciaire de 10 ans, une obligation de soins et une interdiction de séjour dans le ressort de la cour d'appel d'Agen et dans le département du Nord (dont il est originaire, ainsi que son ex-compagne) une peine de 8 ans « au minimum », l'accusé fit comprendre à son conseil, qu'il se satisfaisait de la peine principale. « 8 ans, c'est normal… », lui lâcha -t-il, hors audience.
Et lors des derniers mots qu'il adressa à la cour, s'il n'y eut aucune manifestation sur la peine réclamée, il assura que « ce n'est pas dix ans » qu'il lui fallait, pour les soins, mais une prise en charge « à vie ». Et ajouta qu'en prison, il avait demandé des séances d'hypnose. Pour se souvenir. «Mais on m'a dit que ce n'était pas possible ». Quant à l'interdiction de séjour également prononcée devant sa mère, isolée sur un banc du prétoire, il implora presque :« Je ne sais pas où je vais atterrir »... Signe, au moins, qu'il entend bien un jour, sortir de là. Il termina cette dernière intervention par un inattendu « Je vous remercie » à la cour.
L'avocat général ne l'avait pourtant pas ménagé. Dans un implacable réquisitoire, après un hommage à l'adresse des gendarmes, également exposés dans cette affaire, Marie-Hélène Heyte fustigea « la pratique de la terre brûlée » de l'accusé. « Quand l'objet de son affection n'existe plus, plus personne ne doit en profiter ». Elle signifia que son amnésie ne « l'intéressait pas » car elle n'avait aucune conséquence sur la réalité des faits. Et insista sur le fait que la victime n'était « jusqu'à la fin des temps en rien responsable de ses agissements ».
Face à ce tir groupé, se retrouvant «seul», au milieu de l'accusation, des parties civiles «et presque de l'accusé lui-même», Me Bellandi exhorta les jurés à appuyer avec lui pour « rééquilibrer la balance de la justice ». Il définit un accusé «qui a agi par pulsions et non par réflexion» , reprit l'expression de la maman de l'accusé qui avait parlé la veille de « la soupière et du couvercle qui s'épousent parfaitement » pour évoquer la rencontre du couple. Et insista sur cet homme qui «s'est interdit d'être heureux». Au point de se «satisfaire» d'une condamnation à huit années de prison...
http://www.ladepeche.fr/article/2011/06/23/1113317-8-ans-c-est-normal.html

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