Le verdict du procès de l'affaire Algret, qui se tient actuellement devant la cour d'assises des Côtes d'Armor, est attendu ce vendredi vers 16 h. Comme la loi le leur permet, chacun des cinq accusés de l'enlèvement et des tortures ayant entraîné la mort de Bernard Algret, en 2005, a pu prendre la parole une dernière fois avant que les jurés ne se retirent pour délibérer
Bogaert : "Je ne suis pas prophète, je ne pourrais pas le faire revenir"
C'est Joël Bogaert, dit "Jo", qui a pris la parole en premier, à 9 h 15. Une allocution de quelques minutes, au cours de laquelle il a expliqué qu'il n'avait pas voulu faire appel pour ne pas revivre un procès difficile. "On a été utilisés, manipulés, pour assouvir la vengeance de qui vous savez...", a-t-il ensuite lâché. Avant d'expliquer qu'il avait désormais une dette de sang envers Margot, la fille de Bernard Algret, "un homme que je ne connaissais pas, qui nous a été vendu comme un proxénète de la pire espèce. On a tué. Mais je ne suis pas prophète et je ne pourrais pas le faire revenir. Je demande pardon. Tout au long de ce procès, j'ai parlé avec sincérité pour que toute la vérité soit faite sur cette affaire." En première instance, Joël Bogaert avait écopé de 20 ans de prison.
Freitas : "Je suis innocent"
José Antonio Freitas de Jesus, principal accusé, considéré comme le commanditaire de l'enlèvement et de la mort du patron de bars à hôtesses brestois, s'est quant à lui contenté de quelques mots : "Je suis innocent et je reste sur les dernières paroles de mon conseil". Hier, lors de sa plaidoirie, Franck Berton a fait forte impression, insistant
sur le fait que le dossier de l'accusation était bâti "sur du sable", qu'on ne pouvait condamner quelqu'un sans preuve. Pour conclure, le ténor du barreau de Lille a cité Beaumarchais : "Quand la justice devient folle, ça rend les hommes fous. Si vous condamnez Freitas, on aura tous perdu la raison." Efficace, percutant. A tel point que l'avocat général Yves Boivin, a lâché, l'audience finie, en petit comité, un "Chapeau l'artiste !". En première instance "Tonio" avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.
Kolyé : "Je ne suis pas fier d'être dans ce box"
S'adressant aux jurés et aux avocats des parties civiles, Pierre Kolyé, alias "Peter", a ensuite confié : "Je ne suis pas fier d'être dans ce box; pas fier que ma mère soit dans le public et ait entendu tout ça. Je suis désolé pour la fille d'Algret. Je demande pardon à tout le monde. Ce Camerounais d'origine, qui présente le plus petit casier judiciaire de la bande (il ne comporte aucune mention d'acte de violence), avait écopé de la peine la plus faible, en première instance, à Quimper, il y a 18 mois : dix en prison. Ayant déjà passé plus de cinq ans derrière les barreaux, Pierre Kolyé pourrait assez vite demandé une liberté conditionnelle si cette peine est confirmée.
Harafane : "J'étais venu pour l'argent"
Rachid Harafane, surnommé "Scarface", a lui aussi été assez bref. "Je demande pardon à Margot, a-t-insisté, s'adressant aux avocats des parties civiles. Je vais lui écrire une lettre que je vous demande de lui faire passer. J'étais venu pour l'argent pas pour tuer". A Quimper, la cour d'assises du Finistère avait condamné le Rouannais à 20 ans de prison.
Soler : "J'ai honte"
Dernier à prendre la parole, Christian Soler, dit "Chiffon", a lui aussi demandé pardon à Margot. Avant de préciser qu'il n'y avait jamais eu intention de tuer. "J'ai honte d'être devant cette cour, honte d'être dans cette affaire". Lui aussi avait écopé de 20 ans de prison il y a 18 mois.
Une seule question : Freitas écopera-t-il de la perpétuité ?
Mercredi, Yves Boivin et Philippe Cantéro, avocats généraux, avaient requis la confirmation des peines infligées en première instance aux cinq accusés. Même ligne de conduite pour les avocats de Bogaert, Kolyé, Harafane et Soler, qui n'avaient pas fait appel. Une seule question subsiste, finalement : la plaidoirie de Franck Berton a-t-elle été suffisamment convaincante pour qu'Antonio Freitas, dont l'appel avait entraîné la tenue de ce second procès, n'écope pas de la perpétuité. Verdict vers 16 h.
http://www.letelegramme.com/ig/generales/regions/cotesarmor/saint-brieuc-affaire-algret-les-derniers-mots-des-accuses-17-06-2011-1340164.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire