mardi 28 juin 2011

Affaire Fourniret- Parrish / Le procureur Nachbar désavoué par ses pairs

Le procureur parisien en charge du dossier Fourniret-Parrish, du nom de cette jeune Anglaise sauvagement violée puis étranglée près d'Auxerre, en mai 1990, vient de demander un non-lieu : il n'existe pas de charges suffisantes à l'encontre des ex-époux Fourniret. Un véritable camouflet pour Francis Nachbar, l'ancien procureur des Ardennes, qui n'avait pas hésité à frapper Monique Olivier pour lui arracher de prétendus aveux. Le vrai coupable, lui, court toujours…

«ASSIEDS-TOI au bord de la rivière et tu verras passer le cadavre de ton ennemi », affirme un proverbe bantou. Pauline et Roger, les parents de Joanna Parrish, n'auront certainement jamais le soulagement de voir flotter celui de l'homme qui a enlevé, violé, torturé puis assassiné avec un sadisme répugnant leur fille Joanna, 20 ans, retrouvée morte après avoir subi un véritable martyr, au printemps 1990, près d'Auxerre. Michel Fourniret, horrible parmi les horribles, condamné à perpétuité à l'issue d'un procès-fleuve, à Charleville-Mézières, en 2008, présentait pourtant le profil idéal. D'autant plus idéal que sa complice et ex-épouse, Monique Olivier, allait passer aux aveux en février 2005, reconnaissant à l'issue d'un interminable interrogatoire avoir aidé son sinistre mari à enlever puis violer la malheureuse Anglaise.
On imagine la joie teintée de douleur de Pauline et Roger à l'annonce de ces aveux, suivis de la mise en examen du couple infernal : enfin, ils allaient pouvoir mettre un nom et un visage sur le monstre qui avait souillé leur enfant ; enfin, la justice allait passer. Elle est passée, en effet, ou du moins s'apprête à le faire. Mais pour innocenter Fourniret et son ex-épouse, puisqu'aucun élément sérieux ne peut venir accréditer la thèse selon laquelle les deux tueurs en série s'en seraient pris à Joanna Parrish. Un fiasco judiciaire dû au criminel entêtement d'un homme qui les collectionne avec une constance rare, Francis Nachbar, l'ancien procureur des Ardennes.

Prédateur

Déjà, au printemps 2008, bien qu'ayant fait le déplacement à Charleville-Mézières, Pauline et Roger Parrish, ainsi que leurs avocats, s'étaient légitimement interrogés, ne comprenant pas pourquoi, malgré les aveux circonstanciés de Monique Olivier, la justice française préférait ne pas joindre le dossier de leur fille* au procès Fourniret. A l'époque, la version officielle consistait à prétendre que l'ajout tardif de nouveaux noms sur la liste des victimes présumées du macabre duo pouvait retarder l'enquête, au risque de voir le procès reporté Dieu sait quand. Les deux Anglais étaient cependant rentrés en Angleterre rassurés : lors de son réquisitoire, le verbe haut et le geste facile, Francis Nachbar, alors au faîte de sa gloire, avait solennellement prévenu les deux monstres qu'en dépit de leur condamnation (perpétuité pour lui, 28 ans pour elle) ils n'en avaient pas fini avec la justice, en raison de leur mise en examen pour d'autres enlèvements et assassinats, dont celui de Joanna Parrish.
Pauline et Roger ne pouvaient alors deviner l'atroce vérité, celle que vient de dévoiler avec la froideur du jargon juridique un autre procureur, officiant au tribunal de grande instance de Paris et chargé entre autres du dossier de leur fille, en demandant au juge d'instruction de prononcer un non-lieu
« Quand le marigot zigzague, le caïman doit zigzaguer aussi », explique un autre proverbe bantou. Prédateur aux dents longues, au cuir épais et à l'appétit vorace, Francis Nachbar louvoie depuis longtemps. Bien que repris officieusement par sa hiérarchie et rattrapé par les nombreuses erreurs judiciaires qui émaillent son passage dans les Ardennes, il a su jusqu'alors rester à l'abri des gouttes, du moins officiellement. La question est de savoir combien de temps encore il y parviendra…
* Ainsi que celui de Marie-Angèle Domèce, une handicapée mentale disparue en 1988, également à Auxerre, et dont on n'a jamais retrouvé la trace.

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/affaire-fourniret-parrish-le-procureur-nachbar-desavoue-par-ses-pairs

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