Assises du Doubs : 10 ans de prison pour un cambriolage mortel

La thèse de l’accusation, celle d’une expédition de cambrioleurs déterminés qui tourne mal à Rennes-sur-Loue, a convaincu les jurés du Doubs. Jugés coupables de « vol avec violence ayant entraîné la mort » et « complicité » trois Roumains écopent de 10 à 3 ans de prison.
Mercredi, Cristian Bartus, 29 ans, avait toutes les raisons de se contenter des dix ans de prison infligés par les assises du Doubs. Le matin même, l’avocat général, M. Alain Saffar, avait requis une peine de 15 ans de réclusion. « C’est une décision juste, une bonne justice » commentait à l’issue du délibéré son avocat, Me Randall Schwerdorffer. Le fils de Philippe Julien-Laferrière, décédé à l’âge de 82 ans d’un coup de poing donné par un de ses cambrioleurs qu’il venait de surprendre, a traversé le prétoire. Instant rare, ce quinquagénaire, médecin de son état, a même serré la main de Cristian Bartus lui souhaitant même de « pouvoir se reconstruire en purgeant sa peine ».
Pendant trois jours, le délinquant roumain a porté seul le chapeau de ce drame. C’est lui et lui seul qui a fouillé la petite maison isolée avant d’être surpris par sa victime. Lui encore qui a donné un coup de poing « violent » à l’octogénaire dont la tête a tapé sur un mur en ciment puis sur le carrelage provoquant une hémorragie fatale. Me Isabelle Madoz et l’avocat général Alain Saffar peuvent entendre ce récit plausible. En revanche, tout le reste n’est pour eux qu’affabulation. Quand Bartus affirme être arrivé par hasard près de la petite maison, à l’écart de la nationale où ils ont demandé un peu d’eau pour leur « radiateur en surchauffe » « Je n’y crois pas » lance le magistrat, rappelant que Bartus a utilisé « le même stratagème pour des cambriolages en Suisse ». En outre, le véhicule retrouvé par les gendarmes ne souffrait d’aucun problème technique. Pour lui, les trois hommes dans le box sont bien des « professionnels, spécialistes de la razzia qui étaient en expédition » Et pour preuve, le fait qu’ils commettent dès le lendemain du drame de nouveaux vols en Rhône-Alpes. Pas dupe, le magistrat requiert la culpabilité du vol avec violence ayant entraîné la mort pour Cristian Bartus et la complicité pour les deux autres. Il réclame des peines de 15 ans pour le premier, 5 et 2 ans pour ses comparses.
Bien embarrassées, leurs avocates ne peuvent contester l’évidence. C’est surtout Me Schwerdorffer qui crée la surprise en admettant que l’accusation développe « une thèse intéressante, cohérente ». S’il reprend à son compte l’essentiel du récit de l’accusation c’est pour mieux relativiser le crime de son client. Et d’énumérer nombre d’affaires similaires ou un mauvais coup porté a eu des conséquences tragiques sans que leurs auteurs soient condamnés à 15 ans de prison. Le message est manifestement passé puisque sa peine a été limitée à 10 ans. Les deux autres sont reconnus coupables de complicité et écopent chacun de 3 années de prison. Adrien Bartus, qui conteste toujours avoir été au courant de quoi que ce soit, avait quand même l’intention de faire appel
http://www.leprogres.fr/jura/2011/06/24/assises-du-doubs-10-ans-de-prison-pour-un-cambriolage-mortel