Frédéric Gaudet, accusé de viols et d'attouchements sexuels par trois jeunes femmes, est un jouisseur, mais il ne se reconnaît pas comme un violeur.
IL aime le sexe, plutôt avec les hommes, mais aussi avec les femmes, quelquefois à plusieurs. L'accusé revendique des relations sans sentiment, pour le plaisir, sans aucune entrave.
Dans son ordinateur, les enquêteurs ont retrouvé quatre cents photos pornographiques de mineurs. Sur un cliché différent, il pose fièrement avec deux militaires après des ébats communs. Une jeune femme lui tient le membre. Elle a beaucoup apprécié la séance et lui écrit qu'elle est prête à une autre expérience. Ce sont les gaietés de chambrée de soldats en campagne.
Frédéric Gaudet, âgé de 36 ans, est un partenaire plein de vigueur. C'est peut-être sa seule façon de se montrer généreux. Cette considération est d'ailleurs liée à son autoportrait d'égoïste.
Libre après un séjour en prison de dix-huit mois, cet ancien caporal-chef est accusé par deux anciennes belles-sœurs et une cousine de viols et d'agressions sexuelles, à Sinceny, Bichancourt et Chauny entre 2001 et 2008. Il reconnaît des relations pour l'essentiel, mais affirme qu'elles étaient consenties.
Repentance affichée
Les mains croisées sur le torse, l'allure martiale, avec ses cheveux courts, il affiche la repentance « Les conquêtes étaient pour moi des trophées. J'ai honte de moi. Nous étions proches, on se faisait confiance. Je l'ai trahie. Je n'aurais jamais dû aller jusque-là. Je n'avais pas conscience de ce que je faisais. Je n'avais pas de barrière. »
Il insiste, pas question pour lui de se montrer violent. Il observe toutefois un semblant de repli. « Peut-être ai-je été un peu trop aveugle » à propos de la possible non-acceptation des victimes.
Selon ses dires, l'une d'elles était amoureuse de lui. Mais une lettre envoyée cérémonieusement au juge d'instruction jette le trouble. Il écrit : « Je me suis retrouvé dans son anus sans en avoir l'intention. » Un aveu explicite et sordide pour un acte qu'il n'assume plus aujourd'hui.
L'ex-artilleur tente une contre-offensive : « Si en prison, on m'avait dit d'avouer les attentats du 11-Septembre, je l'aurais fait. » L'entreprise de ce Rambo du sexe est ruinée par sa froideur mécanique de robot. Il évoque ainsi « un incident technique », le port d'un collant sur une de ses proies, pour expliquer une relation non aboutie.
Une page à arracher
En parallèle à cette attitude, tout de même tissée de contradictions, il y a la douleur de jeunes femmes. L'une d'elles ne peut être accusée d'agir par malveillance. Elle refuse de porter plainte. À la barre des témoins, elle s'effondre. Sa jambe droite tressaute nerveusement. Cette maman, âgée de 25 ans, habitant dans une commune du Laonnois, veut arracher cette page douloureuse de son existence. « Pour moi, c'est du passé. Je ne comprends pas pourquoi je suis là. Il aurait fallu réagir quand j'en avais parlé. » Mais curieusement, cette façon de ne pas s'exprimer, signifie beaucoup. D'abord une profonde détresse. « J'ai raconté les faits à ma mère qui m'a plus ou moins crue, mon père, non, j'aurais mieux fait de ne rien dire. »
Il y a donc en plus le sentiment d'être trahie par les siens. Une double blessure.
Les débats reprennent lundi. La stratégie de la défense consiste toujours à plaider l'acquittement. Cette entreprise semble risquée, mais ne semble pas affecter la combativité de l'avocat de la défense, Me Clément. La lutte va être âpre.
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/chauny-assises-viols-la-strategie-risquee-de-lancien-militaire
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