samedi 25 juin 2011

Calvaire conjugal à Besançon

Force est de constater que j’ai énormément de violence en moi. Ce qui a compté dans ma construction, c’est ma mise en pension à l’âge de 7 ans. À partir de là, je me suis senti abandonné et j’en ai voulu à ma mère. Ce qui fait que dans ma vie de couple, toute situation où je me sentais mal-aimé ravivait mon traumatisme et ma révolte. Et quand mon épouse est devenue mère à son tour, tout s’est reporté sur elle. » Lucide et posée, la confession de l’accusé au tout début de son procès devant les assises du Doubs contraste singulièrement avec la brutalité et la bestialité des faits qui lui sont reprochés.
Le 3 mars 2007, son épouse s’est présentée à la gendarmerie de Valdahon. Paniquée, l’œil gauche tuméfié, le corps couvert de bleus, elle va décrire le calvaire qu’elle vit depuis huit ans avec son mari. Ses accès de violences au cours desquels il lui inflige des viols et des mises en scène sexuelles avilissantes, allant jusqu’à la faire manger sans les mains dans une écuelle en la tabassant et lui tenant des propos orduriers, jusqu’à faire ses besoins sur elle. Elle a même apporté des preuves : un disque dur d’ordinateur, contenant des photos et des vidéos pornographiques la mettant en scène qui figurent aux côtés de celles téléchargées de façon compulsive sur Internet.
Interpellé dans la foulée de ce dépôt de plainte, l’homme n’opposera aucune résistance.
Caractère colérique et absence d’autocritique
Il reconnaît d’emblée l’intégralité des faits et l’ampleur de sa dépravation. Avant de raconter son histoire, « comme une confession », dira l’enquêteur qui a recueilli sa déposition.
Les neuf ans - de 7 à 16 ans - passés dans une pension catholique intégriste près de Lyon. Son alcoolisme à la sortie. Sa rencontre avec son épouse (il a alors 20 ans, elle, 19) et quelques mois plus tard seulement la naissance de leur premier enfant (« elle m’avait dit qu’elle prenait la pilule mais, en fait, non », dira-t-il). Une paternité qu’il n’était manifestement pas prêt à assumer. Éternel enfant s’estimant mal-aimé, il verra ses enfants (ils en ont eu trois ensemble) comme autant de rivaux.
« Embrigadement religieux »
Immature, il l’est aussi sexuellement. Passé du zéro absolu des tabous traditionalistes à l’infini vertigineux de l’Internet, il n’a pas su où situer le curseur. Le calvaire infligé à son épouse ? Son caractère colérique et son absence d’autocritique auront été les moteurs, l’alcool et les sites pornographiques les détonateurs.
Pourquoi la victime s’est-elle mariée avec lui (alors qu’il la violait et la violentait déjà depuis trois ans) et a-t-elle fait trois enfants (aujourd’hui âgés de 11, 8 et 6 ans) ? L’expert psychiatre qui a examiné la victime a parlé d’« emprise », de « lavage de cerveau » et d’« embrigadement religieux » subi par celle-ci de la part de son époux et des parents de celui-ci, sa belle-mère lui inculquant par exemple qu’une vie de couple « se supporte (sic) pour gagner le paradis ».
Elle aura finalement vécu huit ans d’enfer. Jusqu’à avoir enfin le courage de s’enfuir et d’aller porter plainte au terme d’un énième viol suivi de violences.
L’accusé lui-même semble en avoir éprouvé une certaine libération. Comme il l’a dit hier aux jurés après l’avoir expliqué au gendarme au terme de sa déposition à Valdahon : « Je voudrais que mon épouse sache qu’elle a eu raison de me dénoncer. Ça ne pouvait pas continuer. »
Suite du procès hier avec un verdict attendu dans la soirée.
http://www.estrepublicain.fr/fr/a-la-une-aujourdhui/info/5309630-Calvaire-conjugal-a-Besancon

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