samedi 18 juin 2011

Martigues : quinze ans de réclusion pour l'agresseur du bijoutier

La cour d'assises des Bouches-du-Rhône a condamné Faouzi Bescri à quinze ans de réclusion criminelle pour un vol commis, en décembre 2003, au domicile d'un bijoutier retraité de Martigues. C'est la peine requise par l'avocat général Roland Mahy, selon lequel "la brutalité de l'agression" aurait pu permettre de retenir l'incrimination de tortures et d'actes de barbarie. "La scène de violence est hallucinante, elle s'est accompagnée d'une méchanceté gratuite, a noté le magistrat. Je n'ai pratiquement jamais vu de survivant à de telles blessures". Laissé pour mort par ses agresseurs après une fouille minutieuse de la maison, cet homme aujourd'hui âgé de 65 ans, avait été hospitalisé les os du crâne brisés.
L'amnésie de la victime doublée de l'expression parcimonieuse de l'accusé ont laissé dans l'ombre de grands pans de ce dossier. Et ce sont trois scénarios différents qu'ont proposés aux jurés l'accusation et les avocats de la partie civile et de la défense. Défenseur du bijoutier, Me Mathias Pétricoul ne démord pas d'une agression crapuleuse commise par deux inconnus qui attendaient l'occupant d'une belle maison pour le dévaliser. Roland Mahy convient que "des éléments nous manquent" mais, aux yeux de l'accusation, la présence de deux jeunes clandestins au domicile du retraité ne relève pas du hasard.
Le télescopage de deux clandestinités

Un coup de téléphone échangé avec un taxiphone de la Porte d'Aix en convainc. "On peut imaginer que la victime connaissait Mourad Aridhi - l'autre accusé en fuite - et qu'il lui avait donné rendez-vous à son domicile. Ils étaient là soit pour 'casser du pédé' soit pour commettre un vol utilitaire. Qu'est-ce que ça change à la barbarie de l'acte?"

Enfin, Jérôme Cas, avocat de Faouzi Bescri, voit dans ces faits le télescopage de deux clandestinités, celle d'un monsieur respectable qui n'a jamais révélé son homosexualité avec celle d'un jeune immigré débarqué en Europe comme au pays des mirages. "Il arrive un jour où l'étranger clandestin trouve qu'on veut payer trop peu le seul bien qu'il a à donner, son corps, et se révolte car on lui mégote son honneur". Mais pour Jérôme Cas, le seul auteur de ce déchaînement de violences est Mourad Aridhi, faisant de l'accusé un second rôle passif.
"Avec Bescri, c'est le procès d'un homme embarqué pour l'Italie mais qui débarque à Marseille, embarqué dans une affaire qui débarque sur l'horreur". Jusqu'au terme de son procès, Faouzi Bescri a redit qu'il n'avait fait qu'assister à l'agression sans y prendre part. "Je n'ai pas frappé". Mais pour l'avocat général, "il est intervenu de manière active à cette scène comme il a été capable d'agresser avec sauvagerie un ressortissant allemand".

Prêté par l'Allemagne où il purge une peine de onze ans de prison pour avoir tué un homosexuel de trente coups de couteau, l'accusé va être "rendu" et ne commencera à purger la peine française prononcée hier qu'une fois l'allemande exécutée. La cour d'assises a condamné par défaut Mourad Aridhi à quinze ans de réclusion et a prononcé pour les deux une interdiction définitive du territoire national.

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/martigues-quinze-ans-de-reclusion-pour-lagresseur-du-bijoutier

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