samedi 18 juin 2011

Un pilote de rallye jugé pour la mort d'un enfant

« Je pense tous les jours à Simon, à vous et à ce qui s'est passé. Je suis mal. » Ces quelques mots de Fabien Vericel, 38 ans, adressés aux parents du petit garçon de 6 ans, tué le samedi 8 septembre 2007, à Fiefs, lors du 32e rallye du Béthunois, peuvent sembler bien dérisoires à côté de la mort d'un enfant. Mais ils résument aussi le dilemme judiciaire qu'elle induit.

Comme l'a souligné la procureure Isabelle Desurmont, « quelle que soit la peine prononcée, elle ne réparera pas l'absence de Simon et sera toujours considérée comme une injustice par le mis en cause qui n'a pas voulu cette mort ». Cet après-midi là, Fabien Vericel, pilote professionnel, avait accepté de prendre le volant de la Toyota Corolla de Jimmy Mannessier, le dernier vainqueur du rallye, décédé accidentellement en début d'année. Un hommage.
Accompagné de son papa et de sa soeur, Simon, lui, allait pour la première fois voir passer des voitures de course, en vrai. Un rêve de petit garçon. Installé avec une vingtaine d'autres spectateurs derrière des balises de sécurité posées à moins de 30 mètres d'un virage en épingle à cheveu, non loin d'un gendarme et d'un commissaire de course, il attend le premier bolide. Du point de vue de François Delecour, vice-champion du monde de rallye, présent hier à l'audience, « c'est lamentable d'avoir autorisé la présence du public à cet endroit »...
Fabien Vericel, en tête de l'épreuve, déboule... À 100 m du virage, il est à 180 km/h. Il connaît le tracé. Il sait qu'il va trop vite. « Je ne pouvais pas négocier l'épingle à cheveu. Alors pour éviter la sortie de route, mon réflexe a été de partir à droite, où je pensais faire demi-tour. C'était une échappatoire », explique le pilote, qui n'écrase pas non plus la pédale de frein pour éviter une perte de contrôle. Mais il n'imagine pas une seconde que du public se trouve dans cette zone dangereuse. Les spectateurs parviennent à s'écarter de justesse. Pas Simon, qui chute dans la précipitation. Le pilote ne peut rien faire.
« Où est l'imprudence ? »
Évidemment, la version de Fabien Vericel ne satisfait pas Me Emmanuel Riglaire. « Vous avez été maladroit et imprudent. On vous demande d'être le meilleur, mais même en rallye il y a des limites à respecter et des circonstances à apprécier », estime l'avocat des parents de Simon, qui ne veut cependant pas rejeter toute la faute sur le seul pilote. « D'autres personnes ont des comptes à rendre et nous irons jusqu'au bout des responsabilités », assure-t-il, mettant ainsi implicitement en cause les organisateurs amateurs de la course.
Mais pour la procureure, il s'agit pour l'heure de juger Fabien Vericel. « Il a failli aux obligations de prudence qui existent aussi sur un rallye et caractérisent l'homicide involontaire », a-t-elle tranché. Deux ans de sursis et l'annulation du permis de conduire : les réquisitions agacent Me Xavier Brunet. « Où est l'imprudence ? Il est pilote professionnel. Le but du jeu est d'aller le plus vite possible. Les règles du code de la route sont inapplicables dans ce contexte ! » Et l'avocat de la défense de pointer du doigt à son tour « ceux qui avaient pour mission de protéger les spectateurs mais les ont laissés s'installer là »...http://www.nordeclair.fr/Actualite/2011/06/17/un-pilote-de-rallye-juge-pour-la-mort-d.shtml

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