samedi 18 juin 2011

Mort de l'amant : c'est l'intention qui compte

Sergine Davril a tué d'un coup de couteau son amant, en novembre2008, à Amiens. Toute la question posée aux assises de la Somme est de savoir si elle a voulu sa mort.

La première journée de son procès a plutôt été favorable à Sergine Davril, en ce qu'elle a ébréché l'accusation de meurtre, qui sous-entend l'intention d'avoir voulu ôter la vie.

L'enjeu est crucial: coupable de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner, cette femme de 45 ans, qui a purgé 14 mois de détention provisoire, peut éviter de retourner en prison. Sinon, elle risque plusieurs années de détention. Le verdict sera rendu lundi soir.

Il n'est pas discuté une seconde qu'elle a causé la mort de son amant Franck Vanhessche, le 10 novembre2008, dans le quartier d'Etouvie, à Amiens. Est-elle pour autant une meurtrière? Elle dit non en s'adressant dès le début de l'audience à la famille de la victime: « Je vis au jour le jour avec l'irréparable. Je ne l'ai pas fait pour le tuer mais parce que j'avais peur. Je vous demande pardon. Sincèrement».

«Pas de chance»


Aux deux policiers qui l'ont interrogée en garde à vue, le président pose cette question : a-t-elle voulu tuer? «Elle a donné un coup de couteau. La mort, c'est pas de chance», résume l'un. «J'ai le sentiment qu'elle ne le souhaitait pas», ajoute l'autre.

Ces deux témoignages trouvent écho dans le discours du médecin légiste. Il décrit la plaie mortelle, large de deux centimètres et profonde de dix, juste sous l'omoplate gauche. Il affirme que Sergine n'a pas frappé dans une «région vitale» et surtout que la mort a été favorisée par l'infection pulmonaire dont souffrait Vanhessche: «La pneumopathie explique les conséquences dramatiques du geste. Un sujet en parfaite santé aurait certainement survécu».

Un sentiment de menace?


L'autre point du débat, c'est l'impression de menace qu'a pu ressentir Sergine face à Franck. Ce jour-là, tout le monde a bu dans le petit appartement du frère et de la belle-sœur où le couple récemment formé a trouvé refuge.

Les hôtes sont partis se coucher dans l'après-midi. Une dispute éclate à propos de l'ex-compagne de Franck. Version de Sergine: «Je lui ai dit que j'allais retourner chez le père de mes sept enfants. Franck a cassé un verre. Il m'a dit "je ne pourrai pas vivre sans toi. Si tu t'en vas, on va partir ensemble dans la mort". J'ai attrapé un couteau sur l'évier. J'ai frappé une fois. Franck est tombé en arrière et puis j'ai vu le sang gicler».

Sergine et Franck, c'est selon le mot du président Grévin «l'histoire d'une personne qui se noie et veut porter secours à une autre personne qui se noie aussi. Alors ils coulent ensemble». Ils se sont connus à l'hôpital Pinel. «C'était quelqu'un de très gentil, à mon écoute. J'existais», se souvient-elle.

Enfant, Sergine a vu son père boire et frapper sa mère. C'est ensuite sa mère qui met le nez dans la boisson: «On ramenait ses bouteilles de bière dans nos cartables».

Elle subit des attouchements de la part d'un frère et de son père. Elle se met en ménage à 15 ans avec Jean, qui commence à la battre dès le début de leur union et la tient sous son emprise. Effacée, elle n'a qu'une fierté: «J'ai fait sept enfants et je les ai faits pour moi, parce que j'avais besoin de donner de l'amour».

L'un de ces enfants lui a donné un coup de boule il y a moins d'un mois. Elle en porte encore la trace sur un visage las qu'on devine avoir été beau. Finalement, elle a tué le seul homme de sa vie qui ne lui a pas tapé dessus...
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Mort-de-l-amant-c-est-l-intention-qui-compte

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour, je m’appelle Léa et je suis la fille de Franck, mon père était très attaché a ses enfants et n'aurait jamais pu dire ça a Sergine, je le connais mieux qu'elle, de plus elle a fait le ménage au lieu d'appeler les secours, elle aurai pu les appeler, il ne serai peut être pas mort s'il elle l'avait fait. Pourquoi avoir fait le ménage, voila la question que je me posais. Pour cacher des preuves peut être ? Voila, c’était mon avis.

Anonyme a dit…

Je suis un ami de Franck, je pense souvent à lui. Nous l'avons hébergé quelque temps, pour le sortir de la galère quand il s'est séparé de sa femme. A ce moment là, il était sobre et ne consommait plus depuis plusieurs années. Il s'est fait rattraper par ses démons mais n'était jamais agressif. Au contraire c'était quelqu'un de gentil et protecteur. Franck, mon ami, tu m'as beaucoup apporté et tu me manques souvent. J'espère que tu es en paix là où tu es.
Léo