vendredi 17 juin 2011

Procès Colonna: Dernières plaidoiries de la défense avant le verdict

La défense d'Yvan Colonna a réaffirmé vendredi l'innocence du berger corse dans l'assassinat en 1998 du préfet Erignac, lors de ses dernières plaidoiries avant le verdict attendu lundi soir.
Après Mes Pascal Garbarini et Eric Dupond-Moretti, qui avaient plaidé jeudi l'acquittement de leur client devant la cour d'assises spéciale de Paris, trois avocats se sont succédés à la barre.
Les plaidoiries de Mes Gilles Simeoni et Antoine Sollacaro ont pris un tour plus politique que celles de leurs confrères.
«Vous ne pouvez pas affranchir ce dossier de ce qu'il charrie de scandaleux, de honteux, d'irréversiblement pollué», a déclaré Me Simeoni à la cour, avant de rappeler les diverses déclarations politiques qui avaient qualifié Yvan Colonna d'«assassin» du préfet, du début de sa cavale en mai 1999 jusqu'à son arrestation en juillet 2003.

Yvan Colonna a toujours clamé son innocence

Parmi celles-ci, celles des ministres de l'Intérieur de l'époque, Jean-Pierre Chevènement (MDC), puis Nicolas Sarkozy (UMP).
«Le président de la République a dit qu'il était coupable!», a protesté l'avocat, avant d'affirmer que «le principe d'une instruction à charge et à décharge n'a pas été appliqué».
Yvan Colonna a toujours clamé son innocence dans l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, le 6 février 1998 à Ajaccio, et l'attaque en septembre 1997 de la gendarmerie de Pietrosella, où l'arme du crime avait été dérobée.
«Dans quelques heures, nous allons remettre la vie de cet homme entre vos mains", a déclaré Me Simeoni aux magistrats professionnels qui composent la cour, alors que le ministère public a requis mercredi la peine maximale contre Yvan Colonna, la réclusion criminelle à perpétuité dont 22 ans de sûreté.
«Je vous demande d'être des magistrats courageux, des vrais juges, de vous rappeler qu'on n'est pas là (....) pour faire plaisir à ceux qui veulent à tout prix sa condamnation», a dit l'avocat.

Plaidoirie sur le fond du dossier

En 2007, «après les incantations sarkozystes, quel magistrat aurait eu le courage, l'audace de dire qu'Yvan Colonna était innocent?», a souligné à son tour Me Antoine Sollacaro.
«On l'a stigmatisé dans la position du coupable», a-t-il poursuivi.
«Vous pensez que dans cette affaire la présomption d'innocence a été respectée?», a demandé Me Sollacaro, rappelant le nombre de «bonnes âmes» qui se sont émues des images de Dominique Strauss-Kahn devant la justice américaine. «Strauss-Kahn vaut mieux que lui?", s'est-il indigné.
Les deux avocats ont ensuite plaidé longuement sur le fond du dossier. En l'absence d'éléments matériels, l'accusation repose principalement sur les mises en cause d'Yvan Colonna par les membres du commando condamnés en 2003 et par leurs épouses. Faites en garde à vue en mai 1999, ces accusations n'ont été rétractées que des mois, voire des années plus tard.

Deux condamnations à perpétuité

La défense maintient que Colonna ne peut être condamné sur la «parole» de ses accusateurs, auxquels la police aurait selon elle «soufflé» son nom. «Les policiers avaient la conviction depuis décembre 1998 qu'Yvan Colonna était l'assassin», a réaffirmé Me Simeoni.
«Je regrette le fiasco de cette affaire», a déclaré Me Sollacaro à la cour. «On ne répare pas le malheur avec de l'injustice. Je vous supplie d'acquitter Yvan Colonna».
Me Philippe Dehapiot a lui exhorté la cour à appliquer «un des grands principes de notre droit: celui qui veut que le doute profite à l'accusé».
Yvan Colonna a été condamné deux fois à perpétuité, alourdie en appel en 2009 d'une période de sûreté de 22 ans. Ce verdict a été annulé par la Cour de cassation pour vice de forme.
Il doit prendre la parole une dernière fois lundi matin, avant que la cour parte délibérer. Verdict lundi soir.
http://www.20minutes.fr/article/743263/proces-colonna-dernieres-plaidoiries-defense-avant-verdict

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