« Je vis cette épreuve avec beaucoup d'émotion. » Retour à la case tribunal, hier, pour Loïc Sécher. La Cour d'assises de Paris est chargée d'examiner les anciennes accusations de viols portées contre lui par Émilie, 14 ans à l'époque. Celles-là mêmes qui ont valu à Loïc Sécher, originaire de La Chapelle-Saint-Sauveur, village de 700 habitants en Loire-Atlantique, d'être condamné, en 2003, à seize ans de prison. En 2008, Émilie s'est rétractée...
Loïc Sécher a été entendu hier matin, en premier, longuement. L'ancien ouvrier agricole, aîné d'une fratrie de quatre dans une famille « simple », porte aujourd'hui ses 50 ans en veste de cuir et pantalon noirs, cheveux ras, poivre et sel. Mais, en 2000, à l'époque des accusations de sa jeune voisine, c'était un employé du golf de Carquefou mal dans son travail. Et un célibataire de 40 ans mal dans sa vie sentimentale. « J'avais de la peine à assumer mon homosexualité. Dans un milieu rural, ça ne passe pas toujours bien. Je ne trouvais pas de soutien auprès de mes amis. »
Dépressif, alcoolique...
Il cherche des dérivatifs dans l'alcool et le cannabis. Mais « on peut être dépressif, alcoolique et homosexuel sans être coupable. Aujourd'hui, il faut voir comment on a monté l'accusation, la façon dont on a forgé la culpabilité de cet homme », a souligné Me Éric Dupond-Moretti, l'avocat de Loïc Sécher. Comment lui, qui a toujours nié les faits, a-t-il fini par être condamné ? Cette question sous-tend les débats. Et soulève, dès l'après-midi, la question centrale de l'enquête.
Le gendarme chargé de ce dossier à Varades, en 2000, est « cuisiné ». « J'ai cru comprendre que ce sont les parents d'Émilie qui ont prononcé, les premiers, le nom de Loïc Sécher », note la présidente Nadia Ajjan. L'avocate d'Émilie, Cécile de Oliveira pointe, elle, l'absence de formation du gendarme dans l'audition filmée de mineurs. Et l'avocat général, François-Louis Coste, qui réprésentait déjà le parquet au dernier procès Dils, se dit « choqué » : les enquêteurs n'ont entendu ni le médecin scolaire, ni le médecin de famille, ni l'assistante sociale.
« Dites-moi, à l'époque, on ne faisait pas de recherches ADN ? », interroge aussi l'avocat général. « Nous n'étions pas équipés au niveau des brigades, seulement des unités de recherches », répond l'enquêteur. Repris par Me Dupond-Moretti : « On pratiquait les recherches ADN de manière très régulière. »
En garde à vue, Loïc Sécher est auditionné à cinq reprises sans savoir qui l'accuse et de quoi exactement. « C'est un scandale absolu ! C'est une chance inouïe qu'il n'ait pas reconnu les faits : avec une garde à vue pareille, beaucoup auraient craqué », tonne son avocat.
Loïc Sécher a passé 2 655 jours derrière les barreaux à Nantes où il a été agressé et son seul oeil valide, abîmé. Aujourd'hui, audition des premiers témoins.
http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Proces-Secher-l-enquete-des-gendarmes-sur-le-gril-_3636-1842358_actu.Htm
Loïc Sécher a été entendu hier matin, en premier, longuement. L'ancien ouvrier agricole, aîné d'une fratrie de quatre dans une famille « simple », porte aujourd'hui ses 50 ans en veste de cuir et pantalon noirs, cheveux ras, poivre et sel. Mais, en 2000, à l'époque des accusations de sa jeune voisine, c'était un employé du golf de Carquefou mal dans son travail. Et un célibataire de 40 ans mal dans sa vie sentimentale. « J'avais de la peine à assumer mon homosexualité. Dans un milieu rural, ça ne passe pas toujours bien. Je ne trouvais pas de soutien auprès de mes amis. »
Dépressif, alcoolique...
Il cherche des dérivatifs dans l'alcool et le cannabis. Mais « on peut être dépressif, alcoolique et homosexuel sans être coupable. Aujourd'hui, il faut voir comment on a monté l'accusation, la façon dont on a forgé la culpabilité de cet homme », a souligné Me Éric Dupond-Moretti, l'avocat de Loïc Sécher. Comment lui, qui a toujours nié les faits, a-t-il fini par être condamné ? Cette question sous-tend les débats. Et soulève, dès l'après-midi, la question centrale de l'enquête.
Le gendarme chargé de ce dossier à Varades, en 2000, est « cuisiné ». « J'ai cru comprendre que ce sont les parents d'Émilie qui ont prononcé, les premiers, le nom de Loïc Sécher », note la présidente Nadia Ajjan. L'avocate d'Émilie, Cécile de Oliveira pointe, elle, l'absence de formation du gendarme dans l'audition filmée de mineurs. Et l'avocat général, François-Louis Coste, qui réprésentait déjà le parquet au dernier procès Dils, se dit « choqué » : les enquêteurs n'ont entendu ni le médecin scolaire, ni le médecin de famille, ni l'assistante sociale.
« Dites-moi, à l'époque, on ne faisait pas de recherches ADN ? », interroge aussi l'avocat général. « Nous n'étions pas équipés au niveau des brigades, seulement des unités de recherches », répond l'enquêteur. Repris par Me Dupond-Moretti : « On pratiquait les recherches ADN de manière très régulière. »
En garde à vue, Loïc Sécher est auditionné à cinq reprises sans savoir qui l'accuse et de quoi exactement. « C'est un scandale absolu ! C'est une chance inouïe qu'il n'ait pas reconnu les faits : avec une garde à vue pareille, beaucoup auraient craqué », tonne son avocat.
Loïc Sécher a passé 2 655 jours derrière les barreaux à Nantes où il a été agressé et son seul oeil valide, abîmé. Aujourd'hui, audition des premiers témoins.
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