vendredi 1 juillet 2011

Pauvre Clélia : le procès n'a pas été digne de son calvaire, il est renvoyé

Le procès de Julien Sailly n'est pas allé à son terme. Il a été renvoyé hier soir, vers 20 h 30, dans la confusion et la colère des deux familles. Celle de l'accusé et celle de la jeune Clélia, retrouvée morte dans la Deûle le 17 février 2008 à Lambersart. Les quelques coups échangés à la sortie de l'audience ne sont que l'illustration de la tension qui aurait empêché une justice sereine. On se retrouvera...

La justice n'en sortira pas grandie. Pendant trois jours, cette audience a été détestable, émaillée d'incidents, notamment entre l'avocat général Luc Frémiot et Me Dupond-Moretti, qui défend l'accusé. Celui-ci reproche à la présidente Sylvie Karas de ne pas être impartiale. Il l'a même dit à l'audience, ce qui est rarissime. Elle a encaissé les dents serrées. En retour, M. Frémiot fait porter à l'avocat la responsabilité de l'ambiance qu'il a plusieurs fois qualifiée de délétère : « Il y a un élément déclencheur et c'est vous, vous seul ! », criait-il à l'endroit de l'avocat.
Mais la vérité est sans doute plus nuancée. Dans ce dossier délicat, difficile, parce que la mort atroce d'une jeune fille amoureuse qui croquait la vie n'est pas clairement expliquée, il était évident que les parties allaient s'affronter. Il y a des éléments qui ne plaident pas pour Julien Sailly, c'est évident. Il est le dernier à avoir vu Clélia et puis, il y a ce cric, retrouvé dans l'eau, sous la victime. Un cric de même modèle que celui... qui manque dans la voiture du jeune homme.
Mais sur ce cric, il n'y a pas de trace. Troublant, pour l'arme d'un crime aussi atroce, même si elle a séjourné plusieurs heures dans l'eau. Et tous les éléments retenus peuvent être fragilisés de la sorte. Luc Frémiot a une conviction : Julien Sailly est le meurtrier. Blandine Lejeune, avocate de la famille de Clélia, a la même. Aussi forte. De l'autre côté, Éric Dupond-Moretti et sa collaboratrice Alice Cohen-Sabban, qui ont également fouillé tout le dossier, ont la certitude de l'innocence de leur client. Et c'est évidemment la même chose pour les deux familles.

Querelle exagérée et déplacée

Dans ce genre d'audience, aux assises, il y a toujours de la tension. Mais cette fois, elle a dégénéré. Frémiot, Dupond-Moretti sont deux très fortes personnalités qui, peut-être, avaient quelques comptes à régler. C'est là que le bât blesse : leur querelle exagérée, déplacée, a échappé à la présidente.
Et puis, tout a basculé hier après-midi quand Éric Dupond-Moretti a explosé : « Ce n'est plus possible. J'ai le sentiment que votre conviction est faite depuis le début », dit-il à la présidente. Et il demande un supplément d'information sur trois points précis que l'enquête n'a pas résolus. Trois points troublants.
Puis tout seul, pendant une suspension d'audience, il remarque que le cric que l'on présente depuis le début de l'audience n'est peut-être pas le même que celui qui a été trouvé dans l'eau. Nouvel incident. Mais pas le dernier : quand Sylvie Karas lance un élément dont il n'a pas connaissance, c'est le coup de trop : « C'est déloyal ! »
Cette fois, même Luc Frémiot le reconnaît : « Ce n'est plus possible. L'ambiance est délétère. »
Blandine Lejeune s'associe. Sylvie Karas doit renoncer, la mort dans l'âme : « Moi, je voulais rendre une décision, quelle qu'en soit sa nature, pour apaiser les familles. »
C'est raté
http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2011/06/30/article_pauvre-clelia-le-proces-n-a-pas-ete-dign.shtml

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