vendredi 26 août 2011

LES GRANDES AFFAIRES / Le fils criminel d’Athies-sous-Laon

Un bûcheron tué par son fils en 1937. Le drame s’est déroulé à Athies-sous-Laon. Coup de théâtre aux assises : le fils a finalement été acquitté.

C'est une pièce de théâtre. Dramatique, horrible. Une pièce en plusieurs actes.
D'abord le père. Henri Robillard. Quarante-neuf ans. Un bûcheron dur à la tâche, qui habite Athies-sous-Laon, 1 300 habitants à une dizaine de kilomètres de Laon. Le travail est dur. Pour tenir, le petit verre de goutte du matin. L'alcool joue le rôle principal de ce drame. Henri travaille au bois de la Mouillère. Frapper les arbres à mort, les abattre, les débiter, telles sont ses tâches. Il était employé par la commune de Laon. Mais sa vie, c'est la forêt.
Son deuxième fils, André, a vingt-quatre ans. Il vit dans la maison familiale. Son métier ? Bûcheron. Loin de son père, dans la forêt de Samoussy - car les deux ne s'entendent pas. Andréa, dix-sept ans, tient la maison. Il y a encore trois autres fils ; l'aîné et les deux plus jeunes : Samuel, quatorze ans, et Lucien, neuf ans. La mère est morte quelques mois auparavant.
Le 30 décembre 1937, la journée a été rude. A 16 h 30, André rentre à la maison. Il est fatigué. Taper, frapper, abattre ; quel dur métier. Il n'aspire qu'à deux choses : manger une soupe bien chaude et s'asseoir sur une chaise de paille posée près de la cuisinière.

A bout portant
Mais à peine le père rentré, les insultes fusent. Henri Robillard est encore plus saoul que d'habitude. Il hurle : « J'ai tué le cochon, ce matin ! Tu n'en auras pas ! » Tuer le cochon, c'est la fête. Comment André peut-il en être privé ? Et pourquoi ? Le père va cuver son vin. Il se couche, non sans s'être muni d'une tige de fer à bout tressé d'osier.
André n'est déjà plus lui-même. Vengeance, c'est la seule chose qui lui vient à l'esprit. Il ouvre la porte de la chambre, à toute volée ; un fusil est accroché au mur - la famille chasse. Dans un tiroir, du plomb numéro 4. Du petit plomb. Rien de bien méchant. Le fils charge l'arme, la place près du crâne de son père, et, en hurlant, appuie sur la détente. A bout portant. Le père meurt sur le coup.
André confie alors ses jeunes frères à une voisine, Madame Magnant. Puis il part à bicyclette à la gendarmerie de Vaux-sous-Laon. Il se constitue prisonnier.

« J'étais fou ! »
André Robillard est arrêté. Durant l'enquête, l'aîné de la fratrie témoigne de la violence alcoolique du père. Les plus jeunes confient qu'ils le craignaient. Ils racontent que le père avait déjà menacé André d'un fusil. Quelques heures après l'horreur, lors de la reconstitution, André, résigné, lâche : « J'étais fou ! »
Le 9 mai 1938, devant les assises de Laon, tout le monde le décrit bon soldat et bon travailleur ; l'accusé est pourtant un meurtrier qu'il faut juger. Le parricide pleure ; mais ce procès est un peu celui du père, la victime.
Sous les applaudissements nourris du public, André Robillard est finalement acquitté.
http://www.aisnenouvelle.fr/article/faits-divers-%E2%80%93-justice/retour-sur-les-grandes-affaires-le-fils-criminel-d%E2%80%99athies-sous-laon

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