vendredi 26 août 2011

Aix : une fillette de cinq ans chargée par son père de tuer sa maman avec un couteau

L'alcool, c'était "pour combler ma solitude, je suis malheureux depuis qu'elle m'a quitté", explique Djilali, 39 ans, à la barre du tribunal correctionnel. Assise tout près, son ancienne compagne soupire. Elle a déposé plainte auprès de la police, à plusieurs reprises, pour harcèlement et menaces. "Certains jours, vous l'avez appelée près de 200 fois !, fait observer la présidente, Véronique Imbert.
Le 25 mai dernier, vous lui avez téléphoné 197 fois en une seule journée." Il répond : "Mais c'était pour parler à ma fille, elle me laisse pas lui parler et ça m'énerve. Et puis quand je bois, je fais n'importe quoi, mais je me souviens pas". Un raccourci qui ne convient pas au tribunal. "Donc vous reconnaissez les menaces..." Le prévenu hésite, tergiverse, martelant que tout ce qu'il veut, lui, c'est voir sa petite de 5 ans : "Elle me fait de la rétention!"
Alors après quelques verres, Djilali prend son portable, et téléphone tous azimuts. Il veut s'en prendre à son ex, à son ancienne belle-mère. Même la directrice de l'école, qui a tenté de jouer les médiateurs, en fera les frais: "Sur le répondeur de l'école, vous laissez un message insultant et menaçant à la directrice, qui a pourtant voulu vous informer des progrès de votre fille en classe, dans l'espoir d'apaiser les choses..."
L'équipe de l'école a fait un signalement auprès du Conseil général, pour avertir qu'une enfant de 5 ans avait reçu l'ordre de tuer sa maman avec un couteau. "Depuis la séparation, il y a trois ans, ça se passe très mal", explique la mère de l'enfant. "Il s'en fiche, de sa fille. Tout ce qu'il veut, c'est savoir si j'ai refait ma vie! Je n'en peux plus, il appelle sans arrêt. Le week-end dernier, il a recommencé. Il dit que si je dépose plainte, il va venir avec des copains et je vais voir..."
L'ancienne belle-mère de Djilali enfonce le clou: "Dimanche, il est venu avec deux copains à lui, quand je sortais les poubelles ! Il m'a dit : Tu vas voir ! Faites qu'il nous laisse tranquilles..."
L'ancien compagnon, pourtant sous contrôle judiciaire, tente une explication: "Mais je suis rien sans ma fille, je sais même pas ce qu'elle fait, où elle va à l'école!" Pendant sa garde à vue, Djilali avait assuré : "Mais je lui ferai jamais rien, de toute façon. C'est juste quand j'ai bu. En plus, là je suis retourné habiter chez ma mère. Et je bois pas, chez elle".
La gravité croissante des faits est soulignée par Me De Casanove, en partie civile. L'avocate déplore que même la directrice d'école, après avoir tenté de bien faire, se trouve à son tour menacée par "un homme avec une sensibilité à fleur de peau mais qui peut devenir agressif immédiatement", analyse le procureur Annie Battini. "Si le père n'est pas reconnu dans ses droits, le tribunal peut l'entendre, mais on ne se comporte pas ainsi pour autant", dit-elle, avant de requérir une peine de 10 mois avec sursis et deux années de mise à l'épreuve.
Face à cela, Me Cunique martèle qu'"il n'y a aucun élément matériel pour attester des menaces, notamment à l'encontre de la directrice de l'école". Il ajoute : "Mon client a demandé à plusieurs reprises des informations sur la situation de sa fille, en vain... Tout ce qu'il veut, lui, c'est avoir enfin une relation normale avec sa fille".
Compte tenu de tous les éléments évoqués à l'audience, le prévenu a été reconnu coupable d'appels téléphoniques malveillants et de menaces de mort, et condamné à la peine de 8 mois d'emprisonnement avec sursis, et mise à l'épreuve durant deux ans: Djilali devra suivre des soins et a interdiction d'entrer en contact avec les victimes.
http://www.laprovence.com/article/aix-en-provence/une-fillette-de-cinq-ans-chargee-par-son-pere-de-tuer-sa-maman-avec-un-coute

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