Montigny-lès-Metz (57) : 25 ans après, le double meurtre reste mystérieux

Rien n’a changé ou presque, sur le ballast des voies de garage de la SNCF, rue Vénizelos à Montigny-lès-Metz. 25 ans après le double meurtre de Cyril Beining et Alexandre Beckrich, âgés de huit ans à l’époque, si chacun des protagonistes de cette affaire hors norme s’accroche à son intime conviction, le mystère reste entier et il manque toujours un coupable à ce crime monstrueux.
Nous sommes retournés sur le lieu du crime, avec Yves Quemener, journaliste à France3 qui réalisa en 2000 avec sa consœur Estelle Mathieu un documentaire sur l’affaire Dils pour le tout premier numéro de l’émission Pièces à Conviction.
« Notre volonté à l’époque n’était ni de démontrer la culpabilité de Dils, ni celle d’Heaulme. Nous sommes arrivés à Montigny avec l’envie de montrer des incohérences dans cette affaire, il y avait des choses bizarres. Nous avons donc retrouvé tous les témoins de l’affaire pour les interviewer », raconte Yves Quemener.
Au soir du dimanche 28 septembre 1986, Cyril et Alexandre jouent sur les voies de garage SNCF qui surplombent la rue Vénizélos à Montigny-lès-Metz. En contrebas du talus qui mène au ballast, les deux gamins ont abandonné leurs vélos. À 18 h 30, leurs parents ne les voyant pas rentrer donnent l’alerte. Deux heures plus tard, leurs corps sont retrouvés à côté des voies à quelques centaines de mètres de leurs foyers respectifs, massacrés à coups de pierres.
Trois aveux, un condamné
Trois personnes passeront des aveux pour ce crime en quelques mois. Ce sont ceux d’un jeune voisin, Patrick Dils 16 ans à l’époque, qui obtiendront la faveur des enquêteurs. Dils sera inculpé après trente-six heures de garde à vue et incarcéré le 30 avril 1987. Pendant deux ans, le jeune mineur sera privé de tout contact avec ses parents. En janvier 1989, il est le plus jeune condamné de France à la réclusion criminelle à perpétuité. En 1998, Dils qui clame son innocence, obtient une révision de son procès, après que la présence à Montigny du tueur en série Francis Heaulme a été établie (lire ci-contre). Il est à nouveau condamné à 25 ans de réclusion, mais fait appel du jugement. En avril 2002, au terme d’un 3e procès, Patrick Dils est acquitté après avoir passé quinze ans en prison. L’Etat reconnaît « l’erreur judiciaire ».
« L’erreur principale dans cette affaire, c’est que le légiste qui a fait les constatations n’avait pas de thermomètre ce soir-là pour déterminer avec précision l’heure de la mort des enfants », concède Bernard Varlet, ancien inspecteur de la PJ de Metz chargé de l’enquête à l’époque. De retour sur le lieu du crime, les souvenirs de l’ancien flic semblent intacts. Et les 25 années écoulées n’ont mis aucune distance entre le directeur d’enquête qu’il était et les faits qui se sont déroulés au soir du 28 septembre 1986.
Le dossier du double meurtre de Montigny-lès-Metz reste ouvert aujourd’hui au parquet de Metz. L’affaire sera-t-elle un jour relancée ? Confondra-t-on le meurtrier de Montigny ? Nul aujourd’hui n’est en mesure de le dire.
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