vendredi 12 août 2011

"Sihem Souid n'est pas la Jeanne d'Arc des temps modernes"

Cette jeune fonctionnaire de police, sanctionnée pour avoir publié un livre en octobre 2010, contestait sa suspension, vendredi matin, devant le tribunal administratif de Paris.
Suspendue pour "manquement au devoir de réserve", Sihem Souid s'est présentée, vendredi matin, devant le tribunal administratif de Paris pour obtenir la levée des sanctions prises à la suite de la publication de son livre, Omerta dans la Police, paru en octobre 2010 aux éditions du Cherche Midi. L'ouvrage, qui décrit un "climat délétère" au sein de la Police de l'air et des frontières (PAF) d'Orly, a valu à cette femme de trente ans une suspension sans salaire de 18 mois, dont 12 avec sursis.
Devant le tribunal, son avocat, Me William Bourdon, plaide l'urgence de la situation, en particulier sur le plan financier. Sa cliente, privée de salaire (1500 euros) le temps de sa suspension, élève seule sa fille de 10 ans. Le père de l'enfant ne lui verse aucune pension. Sa cliente l'écoute, très calme, jambes et bras croisés. Mais la nervosité la gagne lorsque la représentante du ministère de l'intérieur, Me Pascale Léglise, prend la parole.
Selon Me Léglise, Sihem Souid n'est pas dans une situation de grande précarité, et sa demande doit être repoussée. Faisant référence aux droits d'auteurs que Sihem Souid devraient percevoir en avril 2012, elle l'interroge avec ironie: "Comme vous avez vendu 35 000 exemplaires en un mois, votre éditeur pourrait faire un effort et vous aider non? ".

L'avocate du ministère hausse ensuite le ton. A l'entendre, Sihem Souid était pleinement consciente de déroger au "devoir de réserve". Pour le prouver, Me Léglise cite une phrase que l'ex-agent de la PAF aurait prononcée dans les médias: "J'ai violé cette interdiction (le devoir de réserve), et alors?". "C'est faux, je n'ai pas dit ça!", s'insurge Sihem Souid. Me Bourdon intervient pour la calmer.

Me Léglise, impassible, poursuit sa démonstration en revenant sur le motif de la sanction. "Sihem Souid n'est pas la Jeanne d'Arc des temps modernes, lance-t-elle. Elle n'est pas une redresseuse de tort". Selon l'avocate, cet ouvrage "met en cause la police nationale sur un ton outrancier et polémique". Pour elle, Sihem Souid n'a pas respecté les règles au sein de la fonction publique et mérite sa sanction.

Le tribunal rendra son jugement samedi matin.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/sihem-souid-n-est-pas-la-jeanne-d-arc-des-temps-modernes_1020445.html

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