Mauvais pressentiment ? Bruno Herpin a refusé mardi matin d'être extrait de sa cellule de la maison d'arrêt de Luynes. Il n'a donc pas entendu Olivier Coleno, président de la 5e chambre de la cour d'appel, le condamner à cinq ans de prison, le maximum encouru pour l'escroquerie.
En juin, quatre ans de prison avaient été requis et en première instance, il avait été condamné, le 12 mai 2010 par le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains, à cinq ans dont trois assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve lui imposant l'indemnisation de ses très nombreuses victimes, plus d'une centaine de petits commerçants floués, dans toute la France, par cet escroc d'une exceptionnelle ingéniosité. Une activité délictuelle étalée sur de nombreuses années, de 1999 à 2008.
Avec son épouse - condamnée le 8 mars dernier à trente mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve -, Bruno Herpin proposait aux commerçants le dépôt d'un lot de bijoux fantaisie, à ne régler qu'en fonction des ventes. Le contrat contenait cependant une clause-piège qui s'est refermée sur une bonne centaine de victimes, assignées devant les tribunaux pour se faire condamner à payer la totalité du stock déposé et d'un montant largement surévalué.
"Les faits revêtent une exceptionnelle gravité en raison du nombre des victimes, plus de cent."
Pour y parvenir et composer les dossiers soumis aux juges des tribunaux de commerce, une série de faux documents était établie : fausses lettres recommandées de relance, faux journaux d'émission de fax, faux relevés d'appels téléphoniques, faux inventaires... Un océan de falsifications...
La cour justifie sa grande sévérité par "l'instrumentalisation de la justice mise au service de la poursuite de profits illégitimes". Pour escroquer les commerçants devant les tribunaux, Bruno Herpin bénéficiait de surcroît de l'aide juridictionnelle,réservée aux justiciables impécunieux. Lors de son procès, du 7 au 9 juin, Bruno Herpin, 62 ans, avait sidéré la cour lorsque des victimes avaient révélé que depuis la prison, il continuait à assigner ses victimes pour des sommes de plus en plus importantes.
Comme il l'avait fait lorsque, mis en examen, il avait été placé sous un contrôle judiciaire lui interdisant d'exercer ses activités de fabrication et de commercialisation de bijoux fantaisie. La cour pointe donc "un enracinement dans une délinquance croissante (qui) rend inadéquate toute autre sanction que l'emprisonnement".
La cour le condamne aussi à indemniser les victimes, présentes en nombre lors du procès pour témoigner des dommages subis. "Au-delà du montant des sommes escroquées", la cour évoque "l'atteinte portée à la confiance dans les relations commerciales et les dommages et tracas infligés par des actions judiciaires exercées en masse".
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/aix-cinq-ans-de-prison-pour-lescroc-aux-bijoux
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