Trois hommes en prison pour proxénétisme

Sordide affaire de proxénétisme évoquée, jeudi, au tribunal correctionnel de Quimper. Trois hommes ont notamment été condamnés à des peines allant de deux à trois ans de prison ferme.

À la barre du tribunal quimpérois hier, deux hommes, StefanFronéa (60 ans), Constantin Plescan (54 ans), et une femme, Adriana Tache (44 ans), concubine du premier cité. Tous trois d'origine roumaine et détenus depuis septembre2010 (Le Télégramme du 17septembre), après avoir été mis en examen pour proxénétisme aggravé aux dépens, notamment, de la belle-fille du second.

«50 € pour la totale»

Septembre 2010 à Quimper, le commissariat reçoit un appel anonyme indiquant qu'une jeune fille est proposée à la prostitution aux abords de la gare. Puis un barman avise la police qu'une femme, identifiée comme la prévenue, accompagnée de deux hommes, l'a accosté et lui a proposé les services d'une jeune fille qu'elle tenait par la main. «50€ pour la totale», selon ses propres mots. Les policiers interpellent le groupe et découvrent un réseau de prostitution de jeunes Roumaines, dont la belle-fille de Constantin Plescan. Ils apprennent que ce dernier, en situation irrégulière, fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour trafic d'êtres humains.

En l'occurrence, des jeunes filles handicapées mentales ou physiques. Sa belle-fille, prénomméeM., âgée d'environ 18 ans, sans papier d'identité, serait arrivée en France il y a deux ans. Elle aurait été contrainte de se prostituer dès cette date. D'après les investigations policières, le couple lui trouvait des clients près d'un abri de bus à proximité de la gare, dans un squat qu'ils occupaient avenue de la Libération, voire dans la rue. Stefan Fornéa encaissait l'argent des passes. À l'audience hier, les trois prévenus ont de nouveau nié les faits, en l'absence de la victime, illettrée, dont les examens psychiatriques ont mis en évidence la déficience mentale.

: Parmi les témoins entendus lors de l'enquête, une gérante d'hôtel a reconnu les prévenus et confirmé qu'ils proposaient plusieurs jeunes filles, dont M.à la prostitution. Un client a indiqué s'être rendu dans une chambre en compagnie deM.,mais sans rapports sexuels, la jeune fille étant comme détachée du monde lors des préliminaires. «Ma cliente a l'intelligence d'une enfant de 6 ans. Elle appelle les prévenus papa et maman. Les indices laissent à penser qu'il se montait sur Quimper un réseau de filles perdues, handicapées, objets sexuels de leurs tortionnaires et des clients. Ma cliente est actuellement placée dans un foyer social d'urgence», a décrit, hier, l'avocat de la partie civile.

Prison requise

«Malgré leurs dénégations, il n'y a aucun doute sur le fait que les prévenus offraient la jeune fille vulnérable à des hommes en échange d'argent», a martelé hier la procureur. Elle a requis cinq ans de prison, dont deux avec sursis, ainsi que huit ans d'interdiction du territoire à l'encontre des deux hommes. Et quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et la même interdiction de territoire pour la femme. Les trois avocats de la défense ont tenté de prouver que leurs clients ne prostituaient pas la victime, qu'il n'y avait aucun élément probant de proxénétisme. Le jugement a confirmé les peines requises, à l'exception de l'interdiction de territoire pour Adriana Tache. La jeune femme abusée a obtenu 4.500 € de dommages et intérêts.
http://www.letelegramme.com/local/finistere-sud/quimper/ville/quimper-trois-hommes-en-prison-pour-proxenetisme-19-08-2011-1404182.php