mardi 27 septembre 2011

Couple enterré vivant : "je ne voyais pas comment faire pour arrêter"

Au deuxième jour de leur procès devant les assises du Cher, Claude Juillet et Christophe Rayé ont tenté d'expliquer tant bien que mal comment ils avaient pu enterrer vivant un couple d'homosexuels. Un peu laborieusement. Ils ont d'abord vu leurs personnalités disséquées devant les jurés, sous le scalpel des rapports d'experts et des questions du président. Le Dr Christian Guggiari, expert-psychiatre, décrit chez Claude Juillet, ancien intermittent du spectacle de 55 ans ayant déjà fait de la prison pour braquage notamment, une "certaine froideur" mais aucune pathologie. L'accusé ne manifeste pas de "culpabilité profonde" et a pu être atteint d'une "anesthésie émotionnelle" lors des faits, selon le spécialiste.


Les parties civiles, familles des deux victimes Guy Bordenave et Luc Amblard, écoutent attentivement. Elles cherchent à comprendre comment Claude Juillet, ancien compagnon de Marie-Laure Bordenave, soeur de Guy et elle-même partie civile, a pu aller jusqu'à séquestrer puis tuer le couple d'homosexuels, qu'il rend responsable de sa séparation avec la jeune femme, dans des circonstances aussi atroces. "A quoi pensiez-vous quand vous enfouissiez les victimes", demande l'une de leurs avocates, Me Marion Decherf. Juillet semble surpris par la question, réfléchit un instant, fait la moue. "J'aurais voulu que ça ne se fasse pas mais je ne voyais pas comment faire pour arrêter", répond-il maladroitement. Le président Jacques Lavigerie s'étonne, le relance. "Je ne voyais pas comment dire à M. Rayé qu'on arrête et on les ressort", dit l'accusé. "Il suffisait d'arrêter d'envoyer des pelletées de terre dans la fosse", suggère le magistrat. "Je n'ai pas réussi", lâche l'accusé, évoquant la crainte de la réaction de son co-accusé s'il se "dégonflait". A ses côtés dans le box, son ancien ami Christophe Rayé, 39 ans, ne bronche pas.




Confidences en prison




Depuis le début de l'instruction, Rayé a toujours reconnu avoir participé à la séquestration du couple, dans la nuit du 7 au 8 mars à Couy, près de Bourges. Il a reconnu avoir pris leurs cartes bancaires, avoir retiré de l'argent. Mais il a toujours nié avoir participé à l'ensevelissement lui-même, sur les bords de la Loire à la Charité-sur-Loire, dans la Nièvre, le lendemain matin. Lundi soir, l'un de ses anciens co-détenus, Claude Bonacorsi, avait mis à mal cette version. Il avait indiqué aux jurés que Rayé lui avait fait des confidences en prison. Ce dernier lui avait donné des détails très précis sur les circonstances du double meurtre, détails que lui seul et Juillet pouvaient connaître à l'époque. Et qui l'impliquaient dans l'ensevelissement lui-même.


Interrogé lundi soir, Rayé avait nié s'être confié à Bonacorsi. Mardi matin, coup de théâtre : réinterrogé par le président sur le même point dès le début de l'audience, Rayé fait machine arrière. "C'est vrai que j'ai dit à Bonacorsi que Juillet avait tué par balle et enterré les corps", admet-il. "Vous avez dit le contraire hier", note le président. "Oui j'ai menti", admet Rayé, confiant avoir également menti aux enquêteurs pendant sa garde à vue. De nouveaux rapports d'experts sont prévus mardi après-midi, ainsi que la déposition de plusieurs témoins. Celle de Marie-Laure Bordenave, au coeur de ce procès, est particulièrement attendue.

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