jeudi 15 septembre 2011

De la rubrique des « gros poissons » à la page des faits-divers

Auraient-ils poussé le bouchon un peu loin ? Le magasin Pacific Pêche, à Viriat, n’est pourtant pas réputé pour des pratiques commerciales à ce point agressives. Toujours est-il que le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse a condamné, hier, trois vendeurs, et la société, à des peines de 800 euros d’amende avec sursis pour abus de faiblesse sur une personne rendue vulnérable par son état dépressif. C’était entre janvier 2008 et juillet 2009, une affaire en eaux troubles, entre les vendeurs du magasin et un client habituel.
Il faut dire qu’en un an, ce passionné de pêche à la carpe aura acquis pour 13 000 euros de matériel. Jusqu’à stocker une tonne d’appât dans son garage ! Et se retrouver en surendettement, harcelé par les sociétés de crédit, placé sous tutelle, contraint de vendre son appartement pour apurer ses dettes.
Un dossier « navrant », pour M e Agnès Bloise, partie civile, persuadée que son pauvre pêcheur aura été pris dans les filets de carnassiers ayant flairé l’aubaine : « Ils ont voulu faire du chiffre avec un client très facile. » Même vision des choses, pour le procureur Guérin, réclamant quatre mois de prison avec sursis chacun, en s’avouant un peu déçu par l’attitude des prévenus à l’audience, âgés de 27 à 32 ans, contraints de se justifier sur leurs déclarations contradictoires en garde à vue.
Deux d’entre eux avaient lâché le morceau, hameçonnés. Ils avaient reconnu en avoir « un peu profité ». Il leur était compliqué, dès lors, de ramer à contre sens à l’audience. Non, ils ne s’étaient pas rendu compte de l’état dépressif de ce passionné de pêche, avec lequel ils avaient sympathisé. Il passait tous les matins boire le café, venait arroser au magasin son « gros poisson », il était devenu « plus qu’un client ».
« Il y avait toujours mieux, toujours plus, il fallait acheter », est venu raconter pour sa part l’acheteur, très facilement influençable. À tel point qu’il revendait parfois à moitié prix à ses vendeurs du matériel acquis neuf quelques semaines plus tôt. « Mais c’était lui qui nous proposait, et qui fixait les prix », se sont défendus ces derniers, persuadés d’avoir affaire à un client financièrement aisé. Lorsque le premier chèque impayé est revenu, la société a décidé de stopper immédiatement tout contact, a précisé M e Depetry, réclamant la relaxe, en l’absence de toute intention de nuire.
En condamnant mollement, divisant par deux le préjudice réclamé, le tribunal a fait dans la demi-mesure. Suscitant l’amertume du P-dg de Pacific Pêche, Paul Herrera : « C’est l’arroseur arrosé cette affaire. Au départ, on a des chèques impayés, on se fait planter le magasin, et à la fin, c’est encore nous qui payons. Mon business, ce n’est pas de faire de l’argent sur le dos de types qui sont en difficultés. » De quoi prendre la mouche !
http://www.leprogres.fr/ain/2011/09/15/de-la-rubrique-des-gros-poissons-a-la-page-des-faits-divers

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