mercredi 28 septembre 2011

Le cadavre du rempart Tivoli à Dijon

Dimanche 1er septembre 1935. Il est 5 heures 15. Monsieur Cahuet, chef de canton au Paris-Lyon-Marseille a terminé son travail. Il se dirige vers son domicile, situé au 15, rue des Corroyeurs.
Alors qu’il longe le rempart Tivoli, son attention est attirée par une forme insolite, inhabituelle dans le paysage qui lui est familier. En s’approchant, il ne tarde pas à découvrir que la forme en question est un cadavre. De plus près, il constate que c’est celui d’une femme. Il gît le long de la palissade d’un chantier qui se trouve face à ce que l’on nommait alors à Dijon “la manutention militaire”, sur un chemin qui conduit de la rue Monge à la rue de Tivoli. Sans perdre une minute, M. Cahuet avertit le poste de police de la place du 1 er mai de la macabre découverte qu’il vient de faire.

Enquête

Le commissaire de police du III e arrondissement, M. Fossier arrive rapidement sur les lieux que l’on peut qualifier de “lieux de crime”, avant même que les investigations soient poussées plus avant, tant il est clair que la malheureuse ne s’est pas suicidée. Il est accompagné de son secrétaire, M. Tanquerel.
Le substitut Depierre, le juge d’instruction Laroche, le greffier Poupon, l’inspecteur principal de la police spéciale Ponsot et le docteur Morlot, médecin légiste, ne tardent pas à rejoindre les policiers. On le constate, l’enquête commence sitôt après la découverte du cadavre, découverte qui elle-même semble suivre de près le crime. Cette enquête est au demeurant confiée à ce que la ville compte de meilleurs professionnels de la police et de la justice. Dans ces conditions-là l’affaire n’a-t-elle pas toutes les chances d’être éclaircie dans les délais les plus brefs ?

Constatations

La victime est une femme très brune qui paraît âgée d’une trentaine d’années. Elle présente des traits réguliers. Elle a eu la gorge tranchée. Cette atroce blessure a certainement été la cause de sa mort qui a dû être instantanée. La victime porte également une plaie, sur le côté droit du cou.
Le médecin légiste qui examine rapidement le corps note également un autre détail tout aussi horrible qu’il est étonnant : la jeune morte porte la trace de cruelles blessures sur les cuisses.

Suppositions

S’agit-il d’un crime crapuleux ? La victime a-t-elle été tuée pour être dépouillée de ses bijoux et de son argent ? Non. En effet, elle est vêtue de manière plus que modeste. D’ailleurs, le crime n’a pas eu le vol pour mobile ; les policiers découvrent des pendentifs, qui sont restés accrochés sur les oreilles de l’inconnue ainsi qu’une petite chaînette de métal qu’elle porte du cou. S’agit-il d’une prostituée ? C’est possible, parce qu’aucun papier d’identité n’est retrouvé, ni dans les poches des vêtements de la victime, ni à proximité de la dépouille.

Les lieux

En examinant ce que l’on ne nommait pas encore “la scène de crime”, mais que l’on désignait sous le terme générique de “lieux”, les policiers remarquent une épaisse flaque de sang. Elle est au coin de l’esplanade et de la ruelle qui mène à la rue Monge. Ils en tirent une conclusion : c’est à cet endroit précis que le crime a été perpétré.
C’est d’autant plus probable que des traces indiquent que le cadavre a été traîné quelques dizaines de mètres plus loin, le long de la palissade. Le ou les acteurs du meurtre de la jeune femme ont agi de cette manière, de façon à dissimuler le cadavre aux yeux des passants et afin de retarder l’heure de sa découverte.
Qui est la victime ?
Qui est l’égorgée du rempart de Tivoli qui a trouvé une mort cruelle, lors de la nuit du samedi au dimanche de ce mois de septembre ? Qu’elle soit très brune et trentenaire ne constitue pas une réponse suffisante pour les enquêteurs qui vont s’atteler à la tâche de découvrir son identité.
Comme ils la soupçonnent d’être ce que l’on nomme pudiquement de manière obsolète, poétique mais surtout souvent très idéalisée “une belle-de-nuit”, ils se focalisent prioritairement sur ce monde-là. Ils commencent donc par convoquer à la morgue, où le corps a été emporté, des filles et des hommes “du monde de la nuit”.
Les Prosper-Youp-La-Boum et les Nini -Peau-de-Chien, leurs pairs et alter ego, sont donc sommés de défiler devant la brune égorgée. Mais c’est sans sourciller. Nul ne la reconnaît. Nulle ne fait ruisseler son mascara sur ses joues fardées en pleurant une consœur.
La police, toujours pleine de malice, ne baisse pas la garde pour autant. Que la brune n’ait pas été reconnue par les prostituées et leurs protecteurs ne signifie pas pour autant que la brune n’arpentait pas le bitume ; d’une part ces messieurs et ces dames ont fort bien pu feindre ne pas la reconnaître, d’autre part, la brune pouvait être une occasionnelle et non une habituée ; Dès lors saura-t-on jamais qui elle est ?
http://www.bienpublic.com/faits-divers/2011/09/25/le-cadavre-du-rempart-tivoli-a-dijon-(1)

Aucun commentaire: