mercredi 14 septembre 2011

Le papy dealait de l'héroïne

La démarche un peu pataude, le crâne presque totalement chauve et l'embonpoint bonhomme de Raphaël Delannoy ne laissent pas vraiment présager des charges pour lesquelles il comparaît. À 73 ans, cet ancien commerçant est accusé d'avoir revendu héroïne et cocaïne entre décembre 2010 et le jour de son interpellation, le 7 septembre. Dans le box, il reconnaît les faits.
Mais c'est pour immédiatement se lancer dans des explications alambiquées, mettant en scène des gangs sans foi ni loi et des pressions que l'on aurait exercées sur lui pour l'obliger à faire, plusieurs fois, le voyage jusqu'à Rotterdam pour renflouer le stock.



Contraint et forcé
Dans un langage choisi, plutôt rare chez les dealers présumés, il expose son récit. « Je me faisais menacer, ils ont même brulé une de mes maisons », explique le vieil homme qui, de fait, possède pas mal de biens immobiliers dans le quartier de Lille-Sud ou il affirme « vivre l'enfer ». D'ailleurs, il jure devant le tribunal qu'il n'a mené son trafic que contraint et forcé.
Il décrit des scènes de guérilla urbaine, avec des bandes qui se déplacent en « groupes d'une soixantaine ». Des groupes de délinquants « mineurs pour la plupart, avec des armes plus lourdes que leurs mains ». Mais la crédibilité de son récit s'écorne à mesure qu'il y ajoute des détails édifiants, et la procureure, Delphine Reygrobellet, avoue tout de go qu'elle « ne croit pas » le prévenu. Elle pointe d'abord le casier judiciaire du vieil homme, qui s'est retrouvé à la même place, deux fois pour revente de stupéfiants.
Et a été deux fois condamné.
Quant aux pressions supposées des bandes sans foi ni loi, la procureure s'interroge. D'abord, les bénéfices affichés « ne collent pas : ils ne devaient pas être très gourmands ». Surtout, la procureure insiste sur le fait que le prévenu « jouit d'une très grande facilité matérielle » et qu'il pouvait « très bien quitter le quartier à tout moment ». Enfin, lors de la perquisition, Raphaël Delannoy a été retrouvé avec près de 200 g d'héroïne et 20 g de cocaïne. Soit la moitié de ce qu'il affirme avoir été « contraint » de vendre au cours des neuf derniers mois. Là encore, pour la procureure, « ça ne colle pas ».
Même son avocat, Me Patrick Lambert, ne croit pas le récit du vieil homme. Plutôt que de défendre la thèse de son client, il plaide pour la mise en place d'un suivi psychologique, voire psychiatrique. Il a été partiellement suivi par le tribunal, qui a condamné le vieux monsieur qui vendait de l'héroïne à 4 ans de prison, dont trois avec sursis et mise à l'épreuve. Il a été immédiatement emmené en prison.

http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/09/10/le-papy-dealait-de-l-heroine.shtml

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