vendredi 30 septembre 2011

Peur sur Sospel: les agresseurs d'un gendarme condamnés

Sospel, « un endroit normalement paisible, qui semble ne plus l'être », dixit la présidente du tribunal correctionnel, Bernadette Rivière-Caston. Climat de tensions, restaurateurs menacés, représailles… C'est dans ce chaleureux décor, brossé à l'audience hier à Nice, que survient l'incident de trop. Celui qui crève publiquement l'abcès (1).
22 h 30, le 17 août dernier. Une rixe éclate. Un homme est roué de coups par au moins deux autres… avant de les mettre en fuite en exhibant son arme de service. Car cette victime n'est autre que le commandant Thierry Chamard qui dirige la compagnie de gendarmerie de Menton. Bilan : 7 jours d'ITT. L'officier était en civil. Mais c'est bien autour de sa fonction que vont se concentrer les débats.
Regard de travers
Si le commandant Chamard avale les 20 km de Menton à Sospel ce soir-là, ce n'est pas un hasard. Le patron du bar Le Sospellois l'a « appelé au secours », selon les termes de la procureure Corinne Savonne. Venu assurer la protection du gérant, l'officier fixe trois clients attablés au bar d'en face. Ceux dont viendrait le danger. Et ceux qui vont le prendre à partie. Pour un simple « regard de travers » ou parce qu'ils l'avaient identifié comme gendarme ?
L'officier est formel : il a vu un salut militaire à son passage, a décliné son titre et entendu les agresseurs dire « C'est un gendarme ! » Pour Me Valérie Colas, avocate de la partie civile, « ils avaient parfaitement connaissance de sa fonction ».
« Des terreurs »
Dans le box des détenus, Mourad Ben Chniti, 29 ans, et Medi Boukhadra, 34 ans, reconnaissent les injures et violences - minimisées. Pas leur oncle, âgé de 44 ans. Ses neveux, eux, ont une solide réputation de faiseurs de troubles, des bars aux bals sospellois. « Des terreurs qui veulent faire régner leur loi. Mais ce ne sont pas les maîtres de Sospel ! », tonne la procureure.
Leurs proches, venus nombreux, ne sont pas dépeints sous un meilleur jour. Alors Me Mohamed Kassoul lance la contre-attaque de la défense. « On veut faire le procès d'une famille de Sospel. Mais c'est ce commandant qui, en allant narguer[les prévenus], a allumé l'étincelle. » Me Alain Curti fustige une« intervention pas orthodoxe », Me Audrey Vazzana doute qu'« on ait voulu casser du gendarme. » Le tribunal les suit, en écartant cette circonstance aggravante. Il relaxe l'oncle, contre qui le parquet avait requis 18 mois. Il condamne en revanche Boukhadra à un an dont dix mois avec sursis (3 ans dont 2 avec sursis requis), et Ben Chniti à deux ans dont un avec sursis mise à l'épreuve (3 ans requis). Tous deux restent en prison. A sa sortie, le second sera banni des A.-M. pour trois ans. Ce coup de semonce ramènera-t-il un peu de calme à Sospel ?
http://www.nicematin.com/article/papier/peur-sur-sospel-les-agresseurs-dun-gendarme-condamnes

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