samedi 3 septembre 2011

Six ans ferme pour le chauffard qui a mutilé Anne-Juliette

« Il m’a volé mon avenir. » Ces simples mots ont bouleversé le tribunal correctionnel de Meaux, qui jugeait hier Jean-Pierre, un quinquagénaire du Loiret, pour « coups et blessures involontaires, défaut de permis et délit de fuite ». Ils ont été écrits par Anne-Juliette, 20 ans, de Trilport, percutée par la Mercedes de Jean-Pierre un soir d’août 2010 à Fublaines, le village voisin.
Sous l’emprise de l’alcool et sans permis depuis 1987, il roulait à gauche au volant de sa Mercedes quand la jeune femme est arrivée en sens inverse. Après avoir roulé sur la jeune fille, fracassant ses jambes et son bassin, l’homme avait pris la fuite. Les policiers de Meaux l’avaient interpellé quelques heures plus tard.

Dans une lettre lue par son avocate, Anne-Juliette a expliqué ne pas vouloir assister à l’audience pour ne pas « recroiser celui qui a déjà brisé [sa] vie ».
« Elle est invalide à 75% pour le reste de sa vie », a tonné son avocate en fixant des yeux le prévenu, engoncé dans un survêtement bleu. Celui-ci n’a pas cillé quand elle a poursuivi la lecture. « Depuis douze mois, ma vie a changé, a lu l’avocate. Mon avenir est devenu incertain, j’ai vu mon corps mutilé, infecté et changé. J’ai vu des médecins détourner les yeux de mes blessures. » Dans la salle, les parents d’Anne-Juliette ne peuvent retenir leurs sanglots. « Mais sait-il que ce qu’il a détruit n’est pas que physique? poursuit la jeune fille dans sa lettre. Je veux qu’il ne sorte plus jamais. »
Le procureur a ensuite rappelé le casier chargé du prévenu : « Quinze condamnations, mais cela ne lui a pas servi de leçon. » Et d’insister sur les propos « abracadabrantesques » du prévenu : « Après le choc, il a expliqué aux enquêteurs avoir vu des phares dans son rétroviseur et être parti en pensant qu’il s’agissait des secours! » s’indigne le procureur.
La défense s’est appliquée à démontrer que l’alcoolisme de son client est seul responsable de l’accident : « On ne peut donc pas infliger une sanction judiciaire à quelqu’un parce qu’il est malade. Avez-vous déjà vu des tuberculeux dans le box? »
Un propos qui a arraché un rictus au prévenu, son visage retrouvant quelques couleurs. Pas suffisant pour convaincre le tribunal correctionnel, qui a condamné Jean-Pierre à six ans d’emprisonnement ferme.
http://www.leparisien.fr/seine-et-marne-77/six-ans-ferme-pour-le-chauffard-qui-a-mutile-anne-juliette-01-09-2011-1587062.php

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