dimanche 30 octobre 2011

Le doute plane sur l'agression

La trame de l'histoire se passe tard dans la nuit du 30 juin dernier, lorsqu'un homme, Jean - un gendarme ayant la quarantaine - rentre chez lui après une soirée « très festive ». Ivre, il s'arrête au 1er étage de son immeuble pour aller sonner chez une voisine. ça, se sont les faits établis et rappelés par Jean-Marc Anselmi, président du tribunal correctionnel de Rodez, lors de l'audience d'hier. C'est ensuite que les versions divergent.
A la barre, Jean doit répondre de poursuites pour agression sexuelle avec la circonstance agravante de son état d'ivresse manifeste. Mais pour le prévenu, toute l'affaire s'est arrêtée derrière la porte. « J'ai voulu lui demander une cigarette et voir si la soirée pouvait continuer de manière festive », explique-t-il un peu hésitant. J'ai sonné plus que de raison mais elle ne m'a jamais ouvert ni répondu. » Se lassant, l'homme serait alors ressorti de l'immeuble pour y attendre un peu avant d'appeler sa compagne, dormant au 3e étage, pour la prévenir qu'il rentrait.
Marie*, victime constituée partie civile, affirme, entre colère et sanglots refoulés, que son voisin est allé plus loin. « J'étais au téléphone et j'ai entendu sonné, raconte-elle au tribunal. Je suis allée ouvrir croyant que j'avais dérangé des voisins. Il m'a demandé s'il pouvait vérifier les fusibles
[un souci d'éléctricité avait conduit à la rencontre des deux voisins une semaine avant] et il est entré. » Passé le seuil, Jean aurait alors fait des attouchements à la jeune femme. « Il m'a mis la main aux fesses[…] a cherché à m'embrasser[…] a voulu me toucher le sexe à travers mon boxer… » Mis à la porte, Jean se serait alors acharné sur sa sonnette avant d'abandonner.

Une parole contre l'autre

Pour Me Aoust, l'avocat de Marie, « il y a forcément un menteur » mais ce n'est pas sa cliente. « C'est facile de plaider la relaxe, c'est une parole contre une autre ! » Et pourtant l'avocat de la partie civile souligne le témoignage de l'amie qui était à l'autre bout du téléphone et qui confirme sa version des faits. Quant à l'histoire de la cigarette - évoquée pour la 1re fois lors de l'audience - il ne la trouve pas crédible. Il demande 5000€ de dommages-intérêts pour sa cliente.
Côté défense, Me Taussat se base sur l'absence de preuve pour demander la relaxe. « Il n'y a rien dans ce dossier qui permet de condamner Jean, tout est en contradiction», mettant en avant que «toute sa vie et sa carrière sont en jeu».
Une appréciation du dossier partagée par la substitut du procureur, Caroline Bascoul. « Vous avouez une phobie des hommes
[citant une ancienne affaire de 1998] , alors est-ce queJean vous a vraiment fait tout ça ou est-ce votre perception de la situation ? » Malgré le ton catégorique et virulent de Marie maintenant sa version, le ministère public requiert la relaxe du prévenu. « Je voulais savoir la vérité. Aujourd'hui je n'ai toujours pas la certitude de ce qui s'est passé. » Et de rappeler que « lorsqu'il existe un doute, le droit exige que la personne ne soit pas condamnée ».Rendu du jugement le 23 novembre.
* Les prénoms ont été changés
http://www.ladepeche.fr/article/2011/10/27/1202340-le-doute-plane-sur-l-agression.html

Aucun commentaire: