C'est le syndrome de la mère courage". La définition est du Dr Yves Tyrode. Cet expert psychiatre est le premier à avoir diagnostiqué, en janvier 2007, un syndrome de Münchausen par procuration chez Nathalie Elena, jugée depuis lundi par la cour d'assises pour avoir administré de la morphine à ses trois jeunes enfants. Les psychiatres qui ont examiné cette femme de 42 ans parviennent à ce même diagnostic d'une mère qui rend ses enfants malades "pour ensuite faire barrage au mal". Et passer, aux yeux des autres, comme cette mère courage. "L'enfant, selon le Dr Tyrode, devient le moyen par lequel la mère va reconquérir une place stable dans la famille".
Pour l'expert, "ce paradoxe étonnant est un cas de figure exceptionnel". Le Dr Gayda partage ce diagnostic, mais "deux choses (le) gênent". Il livre ses bémols aux jurés en quête d'explications. Dans un syndrome de Münchausen par procuration, la mère doit "avoir un bénéfice secondaire, tirer un profit, être valorisée par le comportement professionnel et pertinent qu'elle adopte" face à la maladie de son enfant. "On n'a pas trouvé en quoi, Nathalie Elena aurait été valorisée en empoisonnant ses enfants". Second hiatus : "Elle est très attachée à ses enfants. Elle a connu six fausses couches. Elle est donc très investie dans la maternité et il n'y a pas d'éléments démontrant qu'elle se comporte en mauvaise mère".
Une mère énigmatique tout de même, qui avait interrompu une nouvelle grossesse en raison de sa mise en examen pour empoisonnement. Les experts sont unanimes à dire que le syndrome de Münchausen n'est pas une maladie mentale. "En l'absence de pathologies psychiatriques, elle est totalement responsable de ses actes, conclut le Dr Gayda. Elle ne présente pas d'éléments hallucinatoires ou délirants." Nathalie Elena conteste cette administration de morphine. Des taux dix fois supérieurs aux doses thérapeutiques avaient été retrouvés dans les veines du nourrisson, âgé de huit mois."C'est pas elle", affirme à la barre des témoins, Gérard, le père des trois enfants. "L'affaire, elle est compliquée, pour cet homme dépassé par cette procédure. Tout allait bien, on était une bonne petite famille, avec ses soucis. Ça a tout chamboulé". Imaginer sa femme piler les cachets de morphine que lui avait prescrits son médecin, "ça non, c'est pas envisageable".
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/un-drole-de-syndrome-au-coeur-du-proces-de-la-mere-accusee-dempoisonnement
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