mardi 29 novembre 2011

L'appel reforme le couple maudit

Les parents de Sibel, fillette morte sous les coups de son père en juillet 2007 à Beauvais, sont réunis depuis hier devant la cour d'assises de la Somme.

Seul Murat Caliskan avait fait appel des 20 ans de réclusion prononcés le 10 novembre 2010 par les assises de l'Oise, mais le parquet général a étendu l'appel à Sandra Boulanger (condamnée à 10 ans). Depuis hier matin, ce couple est donc reformé dans le box des accusés.

En 2007, ils ont respectivement 27 et 22 ans. Ils se sont connus au pied des tours du quartier Argentine, dans la banlieue nord de Beauvais. Elle a été élevée entre sa grand-mère, son père et sa mère. Lui, né en Turquie, n'a rejoint son père et la nouvelle compagne de celui-ci qu'à l'âge de 8 ans. Elle est déjà toxicomane à leur rencontre. Lui aussi, qui n'a pas attendu de consommer de l'héroïne pour découvrir le tribunal correctionnel local, condamné une première fois pour violences.

L'union de deux gamins adeptes de drogues dures


Au début, c'est l'union de deux gamins adeptes des drogues dures. «Puis j'ai été quatre mois en détention et elle est venue me voir en détention. J'ai trouvé qu'elle était devenue sérieuse. À ma sortie, on a pris un appartement », retrace Murat, gaillard massif aux cheveux ras. Il cache pourtant leur union. «J'ai tellement de respect pour les parents que je n'osais pas en parler », justifie-t-il.

Quand, en 2004, Sandra lui apprend qu'elle est enceinte, on ne peut pas dire qu'il sort le champagne. «J'étais pas trop pour l'enfant. Je voulais qu'elle avorte, mais après l'accouchement, j'ai pris la petite dans mes bras et ça m'a changé les idées... » On est le 13 décembre 2004. Sibel commence une vie qui ne durera pas trois ans. Sandra a arrêté l'héroïne pendant sa grossesse, mais pas Murat. Autant dire que la consommation reprend de plus belle. Elle avouera jusqu'à quatre grammes par jour ; lui deux à trois grammes.

À 20 euros le gramme, sans travail, Caliskan en vient presque naturellement au trafic. D'avril 2005 à septembre 2006, il est incarcéré. Ni Sandra, ni Sibel ne lui rendent la moindre visite. À son retour, ils se remettent en ménage mais l'enfant a peur de cet inconnu dans la maison. Ça l'énerve, il la frappe. Il la frappe, donc elle a peur de lui. Elle a peur, donc ça l'énerve. Ça l'énerve, donc il la frappe... Le président Grévin a raison de parler de «cercle vicieux ».

Soignée à temps, la fillette aurait pu être sauvée Le 15 juillet, entre 17 et 18 heures, les coups pleuvent, sur l'abdomen, le thorax. «Et les bras, parce qu'elle essayait de se protéger. » Puis il sort avec un copain. Le lendemain, la petite va de plus en plus mal mais le couple n'appelle les secours qu'en fin d'après-midi. Il est trop tard depuis de longues minutes. Sibel est morte d'une péritonite conséquente d'une déchirure de l'intestin grêle. Ses reins et sa vésicule biliaire étaient également touchés. Les légistes, hier, ont comparé les coups reçus par l'enfant aux lésions observées après des accidents routiers ou ferroviaires. Ils ont attesté que d'autres hématomes dataient de dix à quinze jours. Surtout, ils ont dit que Sibel aurait pu être sauvée. «Prise à temps, une péritonite laisse une cicatrice de quinze centimètres », conclut le docteur
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