mercredi 30 novembre 2011

Ouverture du procès de frère Albert, soupçonné d'attouchements sexuels

Ce Mercredi s'ouvre devant le tribunal correctionnel de Rodez le procès du frère Pierre-Etienne Albert, un religieux de la communauté des Béatitudes, prévenu d'attouchements sexuels sur neuf personnes.
Onze ans après le retentissant procès de l'abbé Maurel, la justice aveyronnaise est confrontée, mercredi, à un nouveau procès d'actes pédophiles. A la barre du tribunal correctionnel de Rodez va, en effet, comparaître le frère Pierre-Etienne Albert, un religieux, aujourd'hui âgé de 60 ans, qui a reconnu des attouchements sur une cinquantaine d'enfants et qui va se retrouver face à neuf de ses victimes.

Dysfonctionnements

Mais derrière l'examen des faits proprement dits, le procès, qui doit durer deux jours, va aussi tenter de comprendre les dysfonctionnements apparus dans l'appareil judiciaire ; et va mettre en lumière le fonctionnement singulier de la communauté des Béatitudes.
Les dysfonctionnements ? Ce sont ceux dénoncés avec force par Solweig Ely. Aujourd'hui âgée de 31 ans, cette jeune femme vient de publier un livre, « Le silence et la honte », pour raconter l'enfer qu'elle a vécue enfant, en 1989 (lire ci-contre). La jeune femme et son conseil, Me Mazars, espèrent que le procès permettra de comprendre pourquoi les faits qu'elle a dénoncés en 2001 n'ont pas été pris en considération par la justice à la mesure de leur gravité.

Chape de plomb

Le procès devra également établir comment une chape de plomb protectrice a couvert durant des années les comportements pédophiles du frère Pierre-Etienne Albert, dont beaucoup sont prescrits aujourd'hui. Entre 1985 et 2000, le religieux, très charismatique au sein de la communauté et proche du fondateur Ephraïm - qui est cité comme témoin - a avoué des attouchements, des caresses, des baisers sur une cinquantaine d'enfants de 5 à 14 ans, qui vivaient dans les « maisons » de la communauté installées partout en France. « Pourquoi certains ont su et n'ont rien fait », interroge Solweig Ely.

Attitude de l'Église

Le tribunal va devoir décortiquer le fonctionnement de la communauté, sur lequel la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) s'est déjà penchée en 2009. L'attitude de l'Église de France pose également question. Le 22 novembre dernier, le Centre Contre les Manipulations Mentales (CCMM), qui lutte contre les dérives sectaires, a adressé une lettre ouverte à Mgr Herouard, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. Le Centre déplore que « certains responsables ecclésiastiques » aient attaché, selon lui, « beaucoup plus d'importance au renouveau de l'image de marque d'une communauté fortement décriée, qu'au sort des victimes. »
Il est vrai qu'aujourd'hui, la communauté, dont le siège est à Blagnac, assure être en pleine restructuration, sous la houlette du Vatican. À l'instar d'autres mouvements traditionalistes reconnus ces dernières années par le pape, elle espère être bientôt consacrée par Benoît XVI comme un nouvel ordre religieux.
http://www.ladepeche.fr/article/2011/11/28/1226447-rodez-ouverture-du-proces-de-frere-albert-prevenu-d-attouchements-sexuels.html

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