samedi 26 novembre 2011

Trente ans confirmés contre Delormel

La cour d'assises de la Somme a confirmé hier le jugement prononcé l'an dernier. Le meurtrier de l'hôtelier de Clermont (Oise) a écopé de trente ans de réclusion.

L'avocat général Alain Perino avait requis ces trente ans dont vingt de sûreté. Magistrat chevronné, il avait lancé à Delormel: « Vous faites partie des rares personnes chez qui je ne vois pas la faille, l'once d'humanité». Mais de ne pas requérir le maximum, la perpétuité, « parce que malheureusement, il y a des choses encore plus graves. Je l'ai vu».

Me Meilhac suit cette affaire depuis la première heure, au service du fils de la victime, Sébastien. Il y a davantage qu'un effet de manche dans son émotion, hier matin, quand il retrace une scène poignante. Il est 4heures, le 17octobre.

Le fils découvre l'hôtel de France cambriolé puis son père égorgé, au premier étage. Dans un pathétique geste réflexe, il entreprend un bouche à bouche, ses lèvres sur celles de l'homme qui lui a donné la vie, sa main droite collée sur sa plaie béante. Et puis il s'arrête: il a senti son propre souffle sur sa main.

Me Meilhac rejoint l'avocat général sur un point. Aucun ne croit plus à l'hypothèse de la feuille de boucher, cet outil volumineux que Delormel dit avoir pris dans la cuisine du premier étage, utilisé pour achever sa victime, puis confié à une amie pour qu'elle le nettoie et le garde.

L'avocat et le procureur sont persuadés que Delormel s'est servi de son couteau, n'a pris la feuille qu'à son deuxième passage, vers 4heures et l'a trempée dans le sang de l'hôtelier. Son but? Accréditer l'idée qu'il n'avait pas l'intention de tuer en entrant dans l'établissement; qu'il n'a, selon son avocat Me Varin, commis le geste fatal que par un « enchaînement de circonstances».

«Chargé comme une mule»


Certes, c'est prêter beaucoup d'imagination à un homme par ailleurs capable de se vanter, dès le matin du 17, de son forfait dans tout Clermont, et d'acheter une nouvelle voiture douze heures après son crime. Son défenseur met en avant sa toxicomanie («il était chargé comme une mule depuis trois jours»).

Delormel reste une énigme, capable, avant-hier, pressé de questions, d'au moins avouer son intention de voler, pour mieux faire dire hier qu'il avait été « piégé» par l'avocat général.

Capable aussi, alors qu'il s'exprime le dernier, de conclure l'audience par ces mots à nouveau centrés sur sa petite personne: « Trente ans, c'est trop! Je ne vais quand même pas sortir grabataire...»
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Trente-ans-confirmes-contre-Delormel

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