vendredi 27 janvier 2012

Double meurtre de Payrignac. L'accusée "n'avait pas d'autre solution"

La journée d'hier aux assises du Lot, dans le procés de Marie-Anne Lafosse, accusée du meurtre de son mari et de son fils à Payrignac, a été consacrée aux rapports des experts pyschiatres et psychologues.
Elle n'avait pas d'autre « solution ». Cette phrase terrible, découlant de leurs expertises, les deux psychiatres qui ont examiné Marie-Anne Lafosse, quelques semaines après le double meurtre de Payrignac, l'ont prononcé hier devant la cour d'assises du Lot. Souffrant d'une dépression sévère et face à une situation trop complexe pour elle, l'accusée aurait donc, selon ces médecins choisis de l'effacer en entraînant dans la mort les trois êtres qui lui étaient les plus chers, son mari, son fils cadet et sa fille. Seule cette dernière en réchappera.
Les psychiatres ont exploré toutes les hypothèses pour tenter de déceler chez cette femme, trace d'une pathologie mentale. Devant les jurés lotois, le docteur Olivier explique : « La thèse du suicide homicide altruiste ? On n'est pas dans ce registre-là, l'acte n'a pas été soutenu par des idées délirantes. L'autre hypothèse envisagée aurait été la possibilité d'un délire paranoïaque ce qui veut dire passer à l'acte sur celui qui persécute. Ce n'a pas été le cas ». Le psychiatre cadurcien écarte de même le syndrome d'influence nourri d'hallucinations auditives poussant le sujet à tuer. « Nous n'étions pas non plus dans ce cas de figure ». L'expert comme son collègue agenais ne retiennent que la dépression qui ravageait l'accusée. Ils rappellent les cauchemars qu'elle leur avait confiés : « Nous tombions tous les cinq du pont de la rocade ».
« Alors comment expliquez -vous que Rémy ait survécu ? » interroge la présidente Annie Cautres. « C'était une manière de dire au fils, tu vas rester seul, voilà ce que tu m'as fait » interprète l'expert.
L'avocat de la défense, Nicolas Raynaud de Lage revient sur les médicaments que prenait sa cliente entre les anti dépresseurs, les somnifères, anxiolytiques, neuroleptiques. « Qu'en pensez-vous ? » demande-t-il au psychiatre.
« C'est un cocktail pour un état dépressif caractérisé ». Le conseil de Marie-Anne Lafosse revient à la charge sur une hypothétique pathologie dont serait atteinte l'accusée : « Nous sommes dans un dossier qui se situe un peu à la frontière ; Où est sa place, dans une hospitalisation psychiatrique ou en prison ? On (les experts) a essayé de réfléchir ». Place aujourd'hui aux plaidoiries et au réquisitoire, le verdict devrait tomber très tard.

Mélodie, Rémy : la parole à la psychologue

La psychologue clinicienne appelée à déposer a examiné tour à tour Mélodie et Rémy. Sur Mélodie, la petite fille qui réchappa de justesse à la mort, l'experte évoque sa très grande vulnérabilité psychique : « Elle est confrontée à deux mères, celle qu'elle aime et celle qu'elle ne peut nommer, l'innommable ». De la tragédie familiale, la fillette parle « d'accident » et dans son dessin, il y a ceux qui sont partis et les survivants après l'accident. « Mélodie est dans le déni ». Selon la psychologue, Rémy lui est dans une autre posture : « Il énumère les faits, fait des constats avec détachement ». Rémy dira à la psychologue : « Je n'ai rien vu venir ».
Appelé comme simple témoin, la responsable du service d'aide sociale à l'enfance dans lequel a été placé l'adolescent en août dernier est venu à la barre parler du jeune garçon : « Cette semaine en assistant au procès, il a épaté tout le monde et fait preuve d'une grande force ». rémy, 13 ans et demi a d'ores et déjà annoncé à l'équipe qui s'occupe de lui qu'il serait aujourd'hui présent au procès.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/27/1270949-elle-n-avait-pas-d-autre-solution.html

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