mardi 24 janvier 2012

Double meurtre de Peyrignac : la mère tente de s'expliquer

Le double meurtre de Payrignac est encore dans toutes les mémoires des habitants de ce village bouleversés par cet acte irréparable. Une mère désespérée a frappé à deux reprises. Son mari et son garçonnet de 9 ans ont succombé à ses coups de couteau. Le procès de Marie-Anne Lafosse s'est ouvert hier à Cahors.
Tétanisée par le poids d'un double meurtre qu'elle a reconnu, confrontée à la lourdeur accablante ou interrogative des regards familiers et étrangers dans une salle de cour d'assises chargée d'émotion, c'est une femme au bord des larmes qui a pris place hier dans le box des accusés entre deux gendarmes, au Palais de justice de Cahors.
Cette mère de famille de 49 ans a quitté sa cellule de la prison de Seysses (Haute-Garonne) pour faire face à ses juges et répondre de ses actes atroces : le meurtre à l'arme blanche de son époux André Mandral, 57 ans, puis de son fils Denis, 9 ans, le 9 avril 2010 dans leur maison familiale de Payrignac, près de Gourdon où elle était blanchisseuse à la maison de retraite.
En ce printemps meurtrier Mélodie, 10 ans à l'époque des faits et Rémy, alors âgé de 12 ans, la fille et l'autre fils de Marie-Anne Lafosse, avaient eu la vie sauve.
La fillette s'était réfugiée chez des voisins. Horrifiés, ces derniers ont immédiatement distingué les deux trous rouges apparents sur sa poitrine. Rémy, quant à lui, était au collège de Gourdon, loin de la tuerie… à mille lieues de penser qu'une telle folie s'emparerait un jour de celle qui l'a mis au monde. Lorsqu'on observe Marie-Anne Lafosse, prostrée, il est relativement difficile de lui affubler le qualificatif de monstre, de l'imaginer un instant un couteau de cuisine à la main pour frapper la chair de sa chair. Alors, est-elle un monstre, une femme fragile ou une mère désespérée ayant perdu son équilibre professionnel et familial, son devoir de mère protectrice pour se laisser envahir et posséder par une incontrôlable folie ? Pléonasme. Car la folie est, par définition, incontrôlable. C'est sur cette face cachée de l'accusée que la cour a tenté de lever le voile hier (lire ci-contre).

Misère et mauvais traitements

La rencontre de Marie-Anne Lafosse avec son défunt mari a, semble-t-il, précipité cette famille dans l'horreur.
« Lorsque Rémy a eu 6 mois, mon mari m'a dit qu'il ne pouvait pas être de lui. Ce qui était faux. Mais il est resté persuadé que je lui mentais », déplore l'accusée. La relation père-fils s'est dégradée. « Mon mari est devenu violent. Les résultats scolaires de Rémy ont empiré. Il a été considéré comme un enfant hyperactif », relate-t-elle.
Un coup de théâtre a accentué le mal-être général de cette famille. L'époux a été placé en garde à vue, après des révélations troublantes livrées par Rémy à sa psychologue. « Le juge des enfants nous a annoncé que Rémy accusait son père d'attouchements. Mais ensuite, notre fils a avoué au même juge qu'il avait tout inventé », détaille Marie-Anne Lafosse. Plongée dans la misère, la famille a vécu avec 60 € de revenus.
André percevait une allocation de 400 € qui servait au remboursement du crédit de la maison. « Les mauvais traitements à l'encontre de Rémy ont continué. Mon mari ne faisait aucun effort pour trouver du travail. Il s'est mis à me frapper. Je travaillais jusqu'à 6 heures du matin en tant qu'énoiseuse. En rentrant, je ne souhaitais pas avoir de relations sexuelles avec mon mari. Il me tirait par les cheveux et me prenait de force. J'ai pété les plombs », regrette-t-elle.
« Au départ je voulais me suicider, seule. Et puis je me suis dit que je ne pouvais pas laisser mes enfants vivre avec ce monstre. Il privait Rémy de repas », soupire Marie-Anne Lafosse. Toute la complexité de ce dossier réside dans la personnalité de cette femme à deux visages qui sanglote en silence.
Un silence qu'il faudra rompre encore aujourd'hui pour répondre aux interrogations de la cour et continuer à faire face à une triste réalité… sans tourner le dos au passé.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/24/1268296-au-depart-je-voulais-me-suicider-seule.html

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