mardi 31 janvier 2012

L'accusé ne se souvient pas mais nie avoir mis le feu

Depuis hier, Patrick Thomas comparait devant la cour d'assises pour l'incendie volontaire d'un immeuble à Lourdes, le 28 mai 2009. Des souvenirs flous, mais une certitude pour lui : il n'a pas mis le feu.
L'homme qui se présente dans le box est pâle, maigrichon et semble assez insignifiant. Il cherche ses mots, son vocabulaire est limité. « Un pauvre hère », dirait le poète. Patrick Thomas, 25 ans, est accusé d'avoir provoqué un incendie à Lourdes, qui aurait pu être très lourd de conséquences. Au 4e étage du n° 2 de la rue de la Paix, un appartement est occupé par Thomas, un jeune homme sous tutelle, traité pour des troubles psychiatriques. Un jeune homme un peu à la dérive qui héberge beaucoup, dans son appartement, d'autres handicapés de la vie, comme lui.

« On fait quoi de ce dossier ? »

À chaque question posée ou presque, Patrick Thomas répond à côté de la plaque, se noie dans des détails qui n'ont pas la moindre importance et surtout, récite consciencieusement le dossier : « J'me souviens de rien, j'me souviens juste de ce qui est marqué dans le dossier qu'on m'a donné en lecture. Ce que je sais, c'est que cet après-midi là, chuis revenu, chuis reparti et y avait le feu après… Tout ce que je sais, c'est qu'c'est pas moi qui a mis l'feu. » Un peu étonné, le président Lemaître va demander : « Dans ces conditions, qu'est-ce qu'on fait de ce dossier ? » Pourtant, tout converge vers Thomas, tant les témoignages que les indices retrouvés sur place. La chronologie semble être claire : Thomas va faire des courses avec un copain, Damien, qui retourne seul à l'appartement ; puis il s'en va place du Monument-aux-Morts, met le bazar dans une pharmacie pour se faire délivrer des médicaments, et finalement revient à l'appartement, complètement « défoncé » aux médicaments et au shit, selon les termes même de sa copine Leila. Le feu se déclare ensuite. Patrick Thomas va accuser tous ses copains d'avoir mis le feu, après avoir tenté le coup de la cigarette mal éteinte et le chauffage défectueux. Mais les faits semblent têtus et tout converge vers Thomas, qui avait clamé un peu plus tôt dans la journée qu'il « allait tout cramer ».

Le piège

Tout au long de la journée, le président Lemaître va relever les mensonges de Thomas, qui s'entête, malgré les évidences. Il s'entête surtout à nier avoir mis le feu : c'est alors que l'avocat général Baptiste Porcher va poser les deux questions qui résument le contexte : « Vous aviez mis tout le monde dehors cet après midi-là ? » « Oui. » « Quand vous êtes revenu, vous étiez donc seul dans l'appartement ? » « Ben ouais… » Thomas n'a pas vu le piège, manifestement. Qui dans ces conditions a pu mettre le feu ? « Moi, je crois pas aux fantômes. dira Medhi Boussaha, la principale victime, le voisin d'en face, brûlé aux poumons. Je suis sûr que c'est lui le coupable et on aurait dû l'arrêter bien avant. ça fait des mois que ça durait, c'était infernal des voisins comme ça. »
Le verdict sera rendu ce soir : Patrick Thomas risque 15 ans de réclusion criminelle.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/01/31/1274122-lourdes-l-accuse-ne-se-souvient-pas-mais-nie-avoir-mis-le-feu.html

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