mardi 24 janvier 2012

Nancy : le docteur Capobianco se dit « innocent »

Prévu pour se tenir sur sept jours, le procès en appel du docteur Capobianco, ce médecin vosgien poursuivi pour des viols sur onze patientes, a débuté hier matin avec deux absentes. Alors qu’elles avaient reçu une convocation en bonne et due forme pour cette audience, deux des onze victimes présumées du praticien ont appris qu’elles ne pouvaient être partie civile lors de ce second rendez-vous avec la justice…
L’explication ? En juin 2010, en première instance, à Épinal, le généraliste avait obtenu l’acquittement pour les faits dénoncés par ces deux plaignantes, avait fait appel de la condamnation pour les faits concernant les neuf autres victimes présumées et le procureur de la République d’Épinal avait fait appel incident de l’ensemble de la procédure. Toutefois un souci, et de taille : seul le parquet général de Nancy pouvait faire appel de ces deux acquittements (voir par ailleurs), qui sont donc désormais définitifs.
« Ma cliente, qui habite maintenant dans le Sud, avait posé dix jours de congés pour ce procès… », souligne Me Élisabeth Lasseront, son avocate. « Je l’ai eue vendredi, alors qu’elle était sur la route pour Nancy. C’est une énorme déception, elle est complètement effondrée ». Me Isabelle Baumann, l’avocate de l’autre plaignante éjectée de ce procès, envisage même d’intenter une action contre l’État pour « faute lourde ».
Joël Capobianco, 55 ans, lui, est arrivé avec un volumineux dossier jaune sous le bras. Prêt à se défendre pied à pied, à ferrailler, comme ses deux nouveaux conseils, Me Brultet et Me Florand, natif de Vesoul, mais surtout connu pour avoir obtenu l’acquittement de Patrick Dils.
Les deux avocats ont demandé un transport sur les lieux - le cabinet de leur client - ainsi qu’un supplément d’information, afin d’étudier des documents informatiques saisis. Jacques Santarelli, l’avocat général, s’y est formellement opposé : « Le cabinet médical n’a plus la même configuration et plusieurs victimes indiquent avoir été violées à leur domicile ». « Coup de bluff ! Effet théâtral ! », dénonce Me Baumann, soutenue par Me Steyer : « Revenir sur les lieux serait pour les victimes un acte de torture ».
Condamné en 2010 à 15 ans de réclusion, le généraliste de Dommartin-lès-Remiremont, remis en liberté en janvier 2011, est accusé d’avoir commis des viols aggravés sur plusieurs de ses patientes dépressives entre 1998 et 2003. Ces dernières assurent avoir subi une injection de sédatif - Tranxène ou Valium - puis avoir été violées.
Le praticien, lui, réfute ses accusations, distribue les adjectifs à l’encontre des premières plaignantes — « une hystérique », « une érotomane » -, explique qu’avec sa technique d’hypno-sédation par injection de benzodiazépines, au cours de laquelle « les patientes sont toujours conscientes, certains traumatismes sexuels subis pendant l’enfance peuvent ressurgir ».
Pour Me Florand, « tout s’est déclenché quand, après les trois premières plaintes, il y a eu un article dans le journal. Les déclarations des plaignantes sont des copier-coller. Ces jeunes femmes n’ont jamais dénoncé les faits à l’époque, ont continué à consulter le docteur Capobianco ».
Hier, le psychologue et les deux experts psychiatres qui ont sondé la boite crânienne de Joël Capobianco, voyeur depuis son enfance, ont été formels : sa personnalité recèle des traits de perversion. L’unique condamnation de son casier assombrit le portrait : en 2003, il a été interpellé dans un fast-food de Nancy alors qu’il filmait, avec un caméscope qu’il tenait près du sol en bandoulière, sous les jupes des filles….
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/01/24/je-suis-innocent

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