samedi 28 janvier 2012

Un meurtre, deux accusés et la chasse

Le procès en appel de Stéphane Liay et Rachid Sadaoui s’est ouvert hier matin à Valence, devant la cour d’assises de la Drôme. Les deux hommes, âgés de 46 ans, sont accusés, pour le premier, d’avoir tué Lias Khetim de trois balles de fusil de chasse le 28 juin 2006 à Grenoble ; et, pour le second, d’avoir commandité cet assassinat pour une histoire de femmes. Stéphane Liay a toujours reconnu avoir tué le Grenoblois de 27 ans pour une question de dettes.
Il avait été condamné à dix-huit années de réclusion criminelles en première instance. En revanche, il a toujours nié avoir agi pour le compte de Rachid Sadaoui. Et lors de cette première journée d’audience, il a été question de la personnalité des deux hommes… et de chasse. Stéphane Liay avait, jusqu’au milieu des années 90, la vie de Monsieur Tout-le-monde. Il n’en a plus que le physique. Une silhouette longiligne engoncée dans un pull-over bleu et une calvitie qui émerge du box des accusés.
Celui qui occupait un poste de chauffeur de bus à Grenoble a expliqué, comment, à la fin du siècle dernier, il a plongé dans l’héroïne. Ce père de trois enfants qualifié de « calme et serviable » par ses proches a ensuite raconté ce qu’il a appelé « une descente aux enfers ». Son divorce, la perte de son emploi, ses voyages en Espagne pour ramener « un ou deux kilos de haschich », avant d’attaquer une supérette au début de l’année 2006 pour parvenir à financer ses addictions. « Un parcours pas vraiment habituel », a lâché le président à propos de la trajectoire de cet homme tombé dans la délinquance à l’aube de la quarantaine.
Rachid Sadaoui : « Je n’étais pas fait pour devenir ce que je suis devenu »
Rachid Sadaoui, malgré sa rencontre à l’âge de 17 ans, avec Stéphane Liay, n’a pas vraiment emprunté les mêmes chemins. Incarcéré pour la première fois en 1987, l’Isérois à l’allure fluette et au visage émacié surmonté de lunettes a passé treize années de sa vie derrière les barreaux. « Je n’ai pas une destinée de voyou », a-t-il pourtant lâché. « Je n’étais pas fait pour devenir ce que je suis devenu. Je pense être un homme simple », a-t-il ajouté.
Un homme simple que « l’adrénaline » a fait “monter” au braquage au début des années 90 et que le manque de ressources a fait contourner la législation sur les stupéfiants. « Mais les choses graves que j’ai commises, je sais quand je les ai commises. C’était en 90 quand j’attaquais les banques », a poursuivi celui qui nie toute implication dans les faits qui lui sont reprochés et pour lesquels il avait été acquitté en première instance. Plusieurs témoins sont ensuite venus dire tout le bien qu’ils pensent de l’Isérois sous les yeux des proches de Lias Khetim qui ont écouté avec retenue.
Tous ces amis de Rachid Sadaoui lui ont trouvé une passion : « La chasse ». « Quelqu’un de simple », « un homme très méticuleux », « un chic type », « un bon compagnon de chasse ». Les éloges ont plu sur celui qui, pour se faire quelques billets, a expliqué élever des chiens de chasse. La journée de lundi devrait être en partie consacrée à l’examen des faits. Et de chasse il pourrait à nouveau en être question. En effet, Rachid Sadaoui devrait avoir à expliquer pourquoi le surnom de “Chasseur” que lui prêtent les enquêteurs revient dans des écoutes qui engageraient sa responsabilité dans la mort de Lias Khetim…
http://www.ledauphine.com/isere-sud/2012/01/28/un-meurtre-deux-accuses-et-la-chasse

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